Le gouvernement Harper pourrait essuyer un revers fort embarrassant dans sa tentative de décrocher un siège temporaire au Conseil de sécurité de l'ONU, a appris La Presse Canadienne.

Le Canada pourrait en effet se faire supplanter par l'Allemagne au premier tour de scrutin et subir la défaite à l'issue d'une dure lutte face au Portugal lors du second tour, ont affirmé des sources gouvernementales.

Les trois pays se disputent deux sièges temporaires qu'ils occuperaient pendant deux ans au sein du Conseil de sécurité.

Confronté à une bataille qui promet d'être rude, le gouvernement a interdit à ses représentants de discuter de la question avec les représentants des médias jusqu'à ce que le sort du Canada soit connu, le 12 octobre, alors que les 192 ambassadeurs à l'ONU procéderont à un vote secret.

Même le porte-parole en chef du premier ministre Stephen Harper a dû garder le silence à cet effet.

«On m'a dit de ne pas commenter la stratégie électorale du Canada», a déclaré Dimitri Soudas, la semaine dernière lors d'un point de presse portant sur la visite du premier ministre à New York.

Jeudi, le premier ministre Stephen Harper doit livrer un deuxième discours en l'espace de cinq ans devant l'Assemblée générale des Nations unies, un moment-clé de la campagne en vue de l'obtention d'un siège au Conseil de sécurité.

Certains représentants gouvernementaux ont tout de même accepté de se prononcer quant aux chances du Canada de l'emporter, mais sous le couvert de l'anonymat.

L'un d'eux a dit cette semaine qu'il s'attendait à ce que le Canada s'incline face à l'Allemagne lors du premier tour. Il est par ailleurs en désaccord avec les observateurs qui estiment que le Canada fait figure de favori face au Portugal pour l'obtention du second siège.

Un autre encore a affirmé que la stratégie du gouvernement était justement de garder un profil bas pendant la campagne.

Il a reconnu que l'Allemagne était un adversaire coriace qui ne ménagerait aucun effort - et aucune dépense - en vue d'obtenir le support des cercles diplomatiques au siège de l'ONU (New York) au cours des prochaines semaines.

Le Canada n'aurait pas, selon lui, l'intention d'organiser de somptueuses soirées pour répliquer.

«Ce n'est pas notre style en période de ralentissement économique. En fin de compte, nous n'élaborons pas nos affaires étrangères afin de siéger au Conseil. Nous le faisons en fonction des valeurs canadiennes.»

Le dernier mandat de deux ans du Canada au sein de cette puissante instance décisionnelle s'est achevé en 2000. Le pays a toujours réussi à obtenir un mandat par décennie depuis la fin des années 1940.

Si les pires craintes du pays se concrétisent, cela marquera le début de la plus longue absence du Canada au sein du Conseil de sécurité.

Le dernier mandat de l'Allemagne est venu à échéance en 2004. Un diplomate allemand a affirmé lors d'une entrevue que son gouvernement suivait une politique en cherchant à obtenir un siège à tous les six ans.

«Pour dire les choses franchement, c'est très "sexy" de faire partie du Conseil de sécurité. On demande l'avis du pays en plus de questionner ses représentants et de les écouter se prononcer sur des sujets qui ne sont pas habituellement discutés au grand jour», a-t-il affirmé.

Il est très difficile de prévoir l'issue d'une campagne onusienne. Il n'y a pas de sondages et la grande majorité des tractations se font en coulisses et lors de rencontres privées.