Les partis de l'opposition à Ottawa accueillent avec scepticisme la proposition de créer une nouvelle catégorie de demandeurs d'asile pour gérer les arrivées massives de réfugiés, à l'instar des migrants du navire MV Sun Sea en provenance du Sri Lanka, arrivés en Colombie-Britannique le mois dernier.

Des documents obtenus par La Presse Canadienne, cette semaine, indiquent que, sous les nouvelles règles, les demandeurs du statut de réfugié qui entrent au Canada dans une «arrivée massive» seraient détenus deux semaines avant leur première audience, plutôt que 48 heures comme c'est le cas actuellement.

La proposition, qui vise à rendre la vie plus difficile aux réseaux de passeurs de clandestins, laisserait au gouvernement le temps de vérifier plus amplement l'identité et les antécédents judiciaires des demandeurs d'asile.

À l'arrivée au pays des 492 réfugiés tamouls, en août, le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, avait promis de sévir contre ceux qui profitent financièrement du trafic d'humains et du passage de clandestins.

Le critique libéral en matière d'immigration, Justin Trudeau, juge que si des gens sont prêts à s'entasser pendant des semaines sur des navires, «dans des conditions abominables», ce ne sont pas deux semaines de détention supplémentaires à leur arrivée qui les feront changer d'idée.

«Pour empêcher (les arrivées massives), c'est beaucoup plus important de regarder ce qu'on peut faire au Sri Lanka directement pour améliorer les conditions des citoyens tamouls», a indiqué M. Trudeau.

Du côté du NPD, on craint que la modification législative proposée ne soit que de la poudre aux yeux.

«Ceux qui arrivent par bateau sont déjà détenus, donc, en pratique, les conservateurs appliquent déjà cette règle, a estimé la députée néo-démocrate Olivia Chow. Aussi, c'est très important de faire attention de ne pas traiter différemment les demandes des réfugiés selon qu'ils arrivent par bateau, par avion ou en voiture. Tous les dossiers doivent être traités équitablement sous la loi.»

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, craint pour sa part que le gouvernement de Stephen Harper tente ainsi de favoriser certains réfugiés au détriment d'autres.

Le gouvernement a refusé de commenter ou de confirmer les informations diffusées.

«On ne spéculera pas sur ce qui a été écrit, mais on confirme que toute action prise sera sévère à l'égard de ceux qui cherchent à abuser de nos lois, tout en étant équilibrée et juste pour notre système d'immigration et les migrants légitimes qui veulent faire du Canada leur chez-soi», a répondu le porte-parole du ministre de la Sécurité publique, Chris McCluskey.