Ils avaient promis davantage de civilité et d'esprit de collaboration afin d'améliorer l'atmosphère à la Chambre des communes. Il n'aura fallu que quelques minutes, hier, à la première période de questions de la session, pour que les députés reviennent à la contestation et aux attaques.

Après un congé estival de trois mois, députés et ministres étaient de retour à Ottawa pour la reprise des travaux parlementaires, une semaine après la publication d'un sondage qui démontre qu'une majorité de Canadiens souhaiteraient plus de décorum à la période de questions.

Selon ce coup de sonde du Forum des politiques publiques, les deux tiers des Canadiens considèrent que les questions en Chambre sont surtout utilisées pour faire de la politique partisane et marquer des points facilement.

Ces données aident le député conservateur Michael Chong, qui propose de réformer ces 45 minutes quotidiennes à la Chambre des communes pour y imposer un peu plus de décorum.

«Les Canadiens désapprouvent la conduite adoptée à la période des questions, a souligné M. Chong à la sortie de la Chambre. Aux dernières élections, plus de quatre Canadiens sur dix ont refusé de voter. Je pense que c'est la preuve qu'il y a un écart de plus en plus grand entre les institutions démocratiques et la population.»

Mais les changements proposés, qui prévoient que chaque ministre réponde aux questions qui lui sont adressées et que le mercredi soit réservé aux questions au premier ministre, soulèvent des critiques dans l'opposition.

«C'est facile pour M. Chong maintenant qu'il ne fait plus partie du Conseil des ministres. Mais lorsqu'il était ministre, il n'était pas différent. Il faisait partie de ceux qui répondaient autre chose aux questions qu'on leur pose», a estimé le député néo-démocrate d'Outremont, Thomas Mulcair. Il n'a d'ailleurs pas manqué de se moquer, en Chambre, des députés conservateurs québécois, qui avaient selon lui «oublié» d'enfiler leur chandail des Nordiques de Québec, en référence à la position incertaine du gouvernement sur le financement d'un nouveau Colisée.

«Vous voulez des images fortes. Vous voulez que les gens se rendent compte que les conservateurs ont dit un jour oui pour un amphithéâtre à Québec et non le lendemain. Ça fait partie de la joute parlementaire», a souligné M. Mulcair.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, estime pour sa part qu'il n'est pas nécessaire de «réinventer» la période de questions, mais que plus de civilité serait apprécié.

«Moi, ma responsabilité, c'est de tenter de maintenir la plus grande discipline possible, a dit M. Duceppe. Ce n'est pas toujours facile, mais, somme toute, on se bat avec des mots et on vit en démocratie. Qu'il y ait des échanges vigoureux par la parole, par les idées, c'est ce qui importe, en démocratie.»

Le chef du NPD, Jack Layton, n'a pas non plus constaté la collaboration tant promise par le premier ministre Harper.

«Je lui ai posé plusieurs questions en lui demandant s'il allait travailler avec nous concernant tel enjeu ou problème, mais il n'a pas démontré qu'il veut le faire, a souligné M. Layton. Mais on ne va pas lâcher.»

Quant aux libéraux, ils estiment avoir fait leur part pour améliorer le climat des échanges en faisant «des efforts pour poser des questions raisonnables, substantielles», a indiqué le nouveau leader en chambre, David McGuinty.

«Ce qui manquait, aujourd'hui, ce sont des réponses substantielles de la part du gouvernement sur les questions importantes», a renchéri le chef adjoint libéral, Ralph Goodale.

À cet égard, l'initiative de Michael Chong pourrait être utile au débat, a ajouté M. Goodale.