À quelques jours du départ du premier ministre Stephen Harper pour New York, où il participera notamment à un sommet des Nations unies portant sur l'aide aux pays en voie de développement, des organismes non gouvernementaux somment le chef du gouvernement de tenir ses promesses.

Le premier ministre s'envolera en début de semaine prochaine pour New York, où il s'adressera, mardi, aux leaders mondiaux dans le cadre du Sommet sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

Les pays développés se sont engagés, en 2000, à atteindre ces objectifs d'ici 2015 afin de venir en aide aux populations des pays en voie de développement, en matière de santé, d'éducation, de pauvreté, de famine et d'environnement. Les dirigeants de la planète doivent évaluer les progrès qui ont été accomplis jusqu'ici, lors de la rencontre de New York qui se tiendra de lundi à mercredi, et plancher sur ce qu'il reste à faire.

Or, le directeur général d'Amnistie Internationale, Alex Neve, a déploré vendredi qu'à cinq ans de l'échéancier, les dirigeants sont «très, très loin» du but.

«C'est clair et évident, il faut faire plus si nous voulons avoir la moindre chance d'atteindre les OMD d'ici 2015», a tranché M. Neve, qui était accompagné d'une vingtaine de manifestants armés de pancartes devant les bureaux du premier ministre à Ottawa.

«Il est temps qu'il y ait un nouvel engagement, renforcé, afin d'atteindre ces objectifs. Et il est temps que le Canada fasse preuve de leadership en faisant exactement cela», a argué M. Neve, appelant le premier ministre à bonifier sa contribution et à donner l'exemple à ses homologues afin que les pays développés en fassent davantage pour aider les populations les plus démunies de la planète.

Un appel partagé par le Nouveau Parti démocratique, qui a réclamé à son tour, par voie de communiqué, qu'Ottawa bonifie son budget d'aide internationale.

En tant que pays hôte du Sommet du G8, en juin dernier, M. Harper avait choisi de s'attaquer à la santé des mères et des enfants de moins de cinq ans, deux des huit OMD. Au terme du sommet, le premier ministre avait annoncé avoir amassé une enveloppe de 5 milliards $ US en cinq ans pour cette initiative.

Si les États membres de l'Organisation des Nations unies (ONU) se sont engagés à verser 0,7 pour cent de leur produit intérieur brut en aide au développement, le Canada, lui, n'en offre pas autant, a pour sa part dénoncé le coordonnateur national de la campagne mondiale «Abolissons la pauvreté», Dennis Howlett.

«Les Canadiens aiment à penser qu'ils sont un peuple généreux. Nous ne le sommes pas», a affirmé M. Howlett, qui accompagnait M. Neve.

Et le gouvernement canadien doit annuler le gel qu'il a imposé dans son dernier budget à l'enveloppe réservée à l'aide internationale, a-t-il imploré.

«Abolissons la pauvreté» réclame en outre que la contribution du Canada consacrée au Fonds mondial de la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme soit elle aussi augmentée.

Une possibilité que n'ont pas exclue des représentants du gouvernement, qui étaient réunis en point de presse vendredi après-midi pour discuter du programme de M. Harper à New York.

Car il reste de l'argent qui n'a pas encore assigné dans le budget de l'Agence canadienne de développement international (ACDI) et le Canada se penchera sur la question au cours des prochains jours ou des prochaines semaines, ont-ils simplement laissé planer.

Quant à savoir si M. Harper se prépare à en faire l'annonce la semaine prochaine, à l'occasion de son passage à l'ONU, son directeur des communications, Dimitri Soudas, a refusé de le préciser, répliquant qu'il laisserait le soin au premier ministre de faire ses propres annonces.

Le premier ministre Harper s'adressera d'autre part à l'assemblée générale de l'ONU, jeudi, devant les pays membres qui auront à choisir, à la mi-octobre, les États qui pourront obtenir l'un des deux sièges non permanents au Conseil de sécurité.

Le Canada est dans la course pour en décrocher un - contre l'Allemagne et le Portugal - et le premier ministre pourrait avoir choisi de s'adresser à ses homologues, cette année, afin de mousser sa candidature.

L'an dernier, M. Harper avait été critiqué parce qu'il avait dépêché son ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, à sa place, afin d'assister au retour du siège social de la chaîne canadienne Tim Hortons au pays.

Mais son bureau a réfuté ces critiques, arguant que le premier ministre avait assisté lui-même à deux assemblées générales de l'ONU depuis quatre ans et qu'il avait participé à d'autres activités en marge de la rencontre de l'an dernier.

«Mais je pense que quand vous avez une compagnie canadienne comme Tim Hortons qui revient au Canada, c'est quelque chose que nous devrions tous célébrer», a défendu M. Soudas.

Les pays membres de l'ONU se prononceront à la mi-octobre quant aux États qui pourront profiter d'un siège non permanent au Conseil de sécurité. D'ici là, le gouvernement ne commentera pas sur l'état de sa campagne auprès des autres pays, ont indiqué les représentants fédéraux.

«C'est une course compétitive, serrée. (...) Nous travaillons extrêmement fort et nous avons de bons appuis, mais nous verrons bien», s'est contenté de commenter l'un d'entre eux.

Le premier ministre sera accompagné la semaine prochaine à New York du ministre Cannon, du ministre d'État aux Affaires étrangères, Peter Kent, et de la ministre de la Coopération internationale, Bev Oda.