Le chef du NPD, Jack Layton, dit avoir convaincu suffisamment de ses députés de voter pour le maintien du registre des armes à feu, la semaine prochaine. Avec ces nouveaux appuis, le projet de loi qui tente d'abolir une partie du registre risque d'être tué dans l'oeuf.

À l'issue du caucus de sa formation, hier à Regina, M. Layton a déclaré qu'il pourrait compter sur une majorité des représentants des circonscriptions rurales de son parti pour voter contre le projet de loi C-391 le 22 septembre.

Ce projet de la conservatrice Candice Hoeppner a pour objectif d'abolir l'obligation d'enregistrer les armes d'épaule, comme les fusils de chasse. Le vote de mercredi prochain porte sur une motion d'un comité parlementaire qui vise à rayer le projet de loi du feuilleton.

M. Layton n'a pas avancé de nom ni de chiffre pour l'instant. «Mes députés ont demandé à faire eux-mêmes les annonces qu'ils ont à faire dans leur propre circonscription et à leur manière. Parce que c'est vraiment en écoutant leurs électeurs qu'ils en sont arrivés à cette conclusion», a-t-il dit.

Fin du suspense

L'annonce du chef du NPD met donc fin au suspense qui durait depuis plusieurs mois au sujet du projet de loi C-391.

En deuxième lecture, 6 libéraux et 12 néo-démocrates s'étaient rangés du côté des conservateurs. Or, par la suite, et contrairement au chef libéral Michael Ignatieff, M. Layton n'avait pas imposé la ligne de parti pour le vote de la semaine prochaine. Il a dû convaincre ses députés un à un de maintenir le registre créé au milieu des années 90.

Dans les derniers jours, quatre députés du NPD ont annoncé qu'ils se ralliaient à leur chef. Selon les libéraux, le décompte total était jusqu'ici de 152 en faveur de l'abolition, et de 151 contre. Deux voix néo-démocrates étaient donc nécessaires pour renverser la tendance.

Il reste donc à savoir quels néo-démocrates changeront de camp. Encore hier, la jeune Niki Ashton, de la vaste circonscription manitobaine de Churchill, n'avait toujours pas annoncé ses intentions.

Il reste également à savoir si tous les députés seront à la Chambre des communes pour le vote, mercredi prochain. Le Bloc québécois et le NPD ont émis des doutes quant à la présence de tous les membres du Parti libéral. «Nos députés seront là», a toutefois tranché hier l'attaché de presse de Michael Ignatieff, Michel Liboiron.

Près du NRA?

Dans l'attente, les partis ont continué à s'affronter sur la place publique sur cet enjeu qui, selon les politiciens fédéraux, divise les électeurs des régions rurales et des régions urbaines.

Le Parti libéral a mené la charge contre le Parti conservateur, en demandant au premier ministre Stephen Harper de divulguer les liens de sa formation avec le National Rifle Association (NRA). Réagissant à un reportage diffusé à CBC lundi soir, le leader parlementaire de l'opposition officielle, David McGuinty, a dressé une liste de plusieurs employés et anciens députés du parti qui, dit-il, ont des liens avec ce puissant lobby américain qui défend le droit des citoyens de posséder des armes.

Les conservateurs ont nié ces liens, accusant les libéraux en retour de mépriser les Canadiens des régions rurales, souvent opposés au registre des armes d'épaule. «Les Canadiens des régions rurales se font dire qu'ils ne savent pas lire, qu'ils utilisent leur argent pour acheter de la bière et du pop-corn et, maintenant, voilà qu'ils font dire que, s'ils croient que le registre des armes d'épaule doit être aboli ou possèdent une arme à feu, alors ils sont liés au NRA!» a protesté la députée Candice Hoeppner.