Au moment où le gouvernement fédéral est aux prises avec un déficit frisant les 45 milliards de dollars, Stephen Harper aura fort à faire pour convaincre ses députés des provinces de l'Ouest qu'il est approprié d'investir une centaine de millions de dollars dans la construction d'un nouvel aréna à Québec.

«Si nous allons de l'avant avec cet investissement, cela va nous causer de sérieux problèmes. Nous risquons de nous mettre à dos notre propre base», a dit à La Presse un député conservateur de l'Ouest qui a requis l'anonymat.

«Nous ne pouvons, d'un côté, dire aux gens d'un petit village que nous n'avons plus d'argent pour réparer leur aréna et, de l'autre côté, investir une centaine de millions de dollars dans un aréna qui va servir à une équipe de ho­ckey professionnel. Ce serait indéfendable, a-t-il ajouté. La controverse au sujet du recensement aura été une partie de plaisir comparativement aux ennuis que nous aurons si nous allons de l'avant avec cela. J'ai peine à croire que nous sommes en train d'examiner ce projet.»

Jusqu'ici, Stephen Harper a dit souhaiter le retour des Nordiques, mais il s'est bien gardé de promettre que son gouvernement financera la construction d'un nouvel amphithéâtre, condition sine qua non au retour à Québec d'une équipe de la LNH.

Réunis à Québec mercredi, les députés et ministres conservateurs du Québec ont manifesté ouvertement leur appui au retour du hockey professionnel dans la Vieille Capitale. La ministre des Affaires intergouvernementales, Josée Verner, responsable du dossier a indiqué que le gouvernement veut étudier le dossier avant d'arrêter sa décision. Mais elle a dit souhaiter que le secteur privé investisse aussi dans l'aventure.

Le Bloc québécois et le Parti libéral ont déjà approuvé la participation du gouvernement fédéral au projet.

Les proches collaborateurs de Stephen Harper sont donc placés devant un dilemme: accepter de participer au projet et s'aliéner des partisans dans certaines provinces, ou refuser d'y participer et se mettre à dos des électeurs qui veulent le retour des Nordiques.

Plus tôt cette semaine, le premier ministre du Québec, Jean Charest, a promis que son gouvernement financerait 45% des coûts de construction d'un nouvel amphithéâtre, soit environ 180 millions de dollars.

Si le gouvernement Harper dit oui au projet, les propriétaires des Oilers d'Edmonton et des Flames de Calgary, qui souhaitent aussi construire un nouvel amphithéâtre, ne tarderont pas à cogner à sa porte.

Le gouvernement Harper essuie par ailleurs déjà des critiques dans la presse anglophone. Le quotidien National Post a notamment soutenu que les conservateurs risquent de miner leur crédibilité s'ils participent à un tel projet en période de compressions budgétaires.

Hier matin, le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a tenté de mettre fin à la controverse en affirmant que la participation du secteur privé était nécessaire. Il a aussi dit qu'il fallait «respirer par le nez et prendre le temps d'examiner le dossier attentivement».