Le gouvernement Harper a été prévenu que l'exploitation des gaz de schiste pourrait faire augmenter les émissions de gaz à effet de serre, empiéter sur les habitats naturels fauniques et réduire les réserves d'eau de source.

Ces risques sont décrits dans des notes préparées au printemps dernier pour le ministre fédéral des Ressources naturelles, Christian Paradis. Ces notes ont été obtenues par La Presse Canadienne grâce aux dispositions de la Loi sur l'accès à l'information.

Les documents se concentrent sur le potentiel de développement des gaz de schiste au Québec, mais met également en lumière la possibilité - et les périls - d'en exploiter de larges réserves à travers le Canada.

«Le Canada possède des ressources importantes de gaz de schiste et l'industrie les explore et les développe de façon agressive», peut-on lire dans les notes.

Elles préviennent aussi le gouvernement que le processus d'extraction du gaz, que l'on appelle la fracturation hydraulique, nécessitera des quantités significatives d'eau douce et augmentera les émissions canadiennes de dioxyde de carbone.

Toujours selon ce document, la mise en oeuvre de tels projets dans des secteurs dépourvus d'infrastructures entraînerait la construction de routes, de stations de forage et de gazoducs qui pourraient créer une «fragmentation à grande échelle des habitats» pour la faune.

Le Québec est devenu un champ de bataille, au cours des dernières semaines, entre les sociétés gazières et les citoyens qui craignent les éventuelles conséquences sur la santé et l'environnement.

La province possède de vastes réserves de ce gaz naturel, qui est emprisonné dans les couches de roches sous les basses-terres du fleuve Saint-Laurent.

L'industrie du gaz naturel et le gouvernement voient de lucratives opportunités ensevelies sous le schiste de la vallée du Saint-Laurent et font valoir que le secteur gazier stimulera la création d'emplois.

Mais les opposants, parmi lesquels se trouvent les résidants des régions se trouvant à proximité des sites d'exploration, affirment que les projets de gaz de schiste doivent être stoppés puisqu'ils sont trop risqués.

Les vives inquiétudes des citoyens ont forcé le gouvernement à ralentir le processus. La province a annoncé dimanche que des consultations publiques seraient organisées au cours de l'automne dans les régions concernées.

Mais le dirigeant de l'Association pétrolière et gazière du Québec, André Caillé, a insisté sur le fait que les projets de gaz de schiste n'utiliseraient que deux pour cent de l'eau douce qui est employée par les industries de pâtes et papier.

Et les eaux souterraines seraient «très peu» contaminées «comparativement, par exemple, aux autres secteurs industriels», a-t-il soutenu lors d'une entrevue mardi.

M. Caillé a par ailleurs ajouté que les émissions de dioxyde de carbone causées par les opérations de forage seraient compensées par les économies réalisées lors du transport du gaz naturel vers d'autres lieux.

L'industrie s'assurera par ailleurs de limiter les impacts sur la faune, a déclaré M. Caillé.

«Nous voulons que notre empreinte soit la plus légère possible.»

Le ministre Christian Paradis n'était pas disponible pour commenter le contenu de ces notes, mardi.