Le gouvernement fédéral a présenté mercredi ses excuses aux familles inuites qui avaient été expulsées de leur maison et exilées dans le nord de l'Arctique durant les années 1950.

Des historiens estiment que cette décision avait été prise à l'époque pour réduire les dépenses d'aide sociale et renforcer la souveraineté canadienne sur cette région.

Le tout nouveau ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien, John Duncan, a offert ses excuses mercredi à Inukjuak, dans le nord du Québec. C'est de cette communauté que provenaient la plupart des «Exilés de l'Extrême-Arctique».

Larry Adlalak, l'un des survivants de ces «Exilés», n'avait que trois ans lorsque sa famille a finalement accepté l'offre de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et est partie s'installer dans l'Extrême-Arctique. Il en conserve cependant un très mauvais souvenir.

En 1953 et 1956, 87 Inuits d'une douzaine de familles avaient été envoyés vers ce qui se nomme aujourd'hui Resolute Bay et Grise Fiord, les deux communautés les plus nordiques du pays à cette époque. Les Inuits étaient alors à plus de 2000 kilomètres de leurs proches, et faisaient non seulement face à des températures plus basses d'une vingtaine de degrés, mais aussi aux hivers sans soleil et aux étés sans nuits du cercle arctique.

Ces Inuits n'étant pas familiers avec leur nouvelle région -et les promesses d'aide d'Ottawa ne s'étant jamais entièrement réalisées-, ils ont durement souffert pendant des années.

«Il faisait extrêmement froid, raconte Larry Adlalak, nous n'avions pas d'abris. Nous avons dû survivre pendant deux ans sous la tente. Tout ce que la GRC nous avait donné, ce sont de vieilles peaux de bison et de rêne pour nous isoler.»

Le ministre Duncan a tenu à s'excuser au nom du gouvernement du Canada: «Nous regrettons sincèrement les erreurs commises et les promesses non tenues pendant ce sombre épisode de notre histoire», a-t-il déclaré.

Un autre survivant de la relocalisation, John Amagoalik, a accueilli les déclarations du ministre avec soulagement. «Je crois que le geste est important, a-t-il dit. Si le gouvernement accepte le fait qu'il a commis une erreur en abandonnant littéralement les familles sur les rives de Resolute Bay, ce sont d'importantes excuses.»

Malgré tout, il aurait préféré que ce soit le premier ministre Stephen Harper qui présente des excuses, et non son ministre.

En 1996, le gouvernement canadien avait accepté de verser 10 millions de dollars dans un fonds en fidéicommis pour dédommager les familles des exilés. Un juge québécois a supervisé la distribution de près de la moitié de cette somme entre les 34 survivants âgés.