Au lendemain de la fin des négociations entre Shell et Delek pour la vente de la raffinerie de Montréal-Est, Ottawa n'a pas l'intention d'intervenir pour empêcher la conversion des installations en terminal pétrolier.

Pour le gouvernement, il s'agit de négociations d'affaires entre des parties privées.

«Évidemment il y a un respect des entreprises qui sont concernées (...) On va suivre avec intérêt tout ce qui se passe mais on ne peut pas se substituer aux entreprises privées qui sont propriétaires de ces établissements-là», a soutenu le ministre d'État de l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, Denis Lebel.

Pour expliquer l'abstention d'Ottawa, M. Lebel a fait valoir mardi que le gouvernement est en faveur de la libre entreprise.

Répétant que le ministre des Ressources naturelles Christian Paradis continue de surveiller le dossier de près, M. Lebel a précisé que le gouvernement fédéral n'a nullement l'intention de se substituer aux entreprises privées concernées.

«Ces gens-là vont continuer à faire leur travail. J'espère qu'on va être capable de conserver ensemble ces 500 emplois-là», a ajouté M. Lebel.

Mais ce n'est pas qu'une affaire privée, a vivement contredit le porte-parole libéral dans ce dossier, Denis Coderre.

«La sécurité énergétique, ce n'est pas rien», s'est-il exclamé en chiffrant à 25 % la diminution de la capacité de raffinage du Québec et à 13 % celle de l'est du Canada.

Renchérissant que la sécurité nationale dépend aussi d'un approvisionnement fiable en essence pour les avions militaires, M. Coderre aurait aimé que le premier ministre intervienne personnellement.

«Il aurait dû appeler le grand patron de Shell pour s'enquérir s'il avait vraiment l'intention de vendre parce que ces gens-là ont toujours besoin du gouvernement, soit pour des subventions, soit pour des permis exploitation pour les sables bitumineux», a-t-il expliqué.

Mais il est maintenant trop tard selon lui: «Le dossier est clos», a-t-il conclu, parce que le gouvernement a laissé tombé et parce que Delek s'est retiré des négociations.

Shell Canada a annoncé lundi qu'elle allait poursuivre la transformation de sa raffinerie en terminal d'importation de pétrole.

Le raffineur Delek US avait manifesté son intérêt dans le passé pour la raffinerie montréalaise, puis s'était retiré des pourparlers. Des discussions avaient repris entre les deux entreprises il y a environ 10 jours, pour achopper à nouveau lundi.

Shell affirme avoir tenté de vendre depuis plus d'un an ses installations de l'est de Montréal, mais soutient que les offres reçues n'étaient pas suffisantes.

Soutenant que la raffinerie de Montréal-Est était la moins productive de ses installations canadiennes, elle voulait néanmoins recevoir un chèque d'au moins 150 millions de dollars.

Shell avait initialement annoncé la fermeture de sa raffinerie, qui employait 800 personnes dont près de 500 syndiqués, le 7 janvier dernier.