Après avoir reçu une leçon de «poignée de main de Shawinigan» de la part de l'ancien premier ministre Jean Chrétien, le chef libéral Michael Ignatieff a accusé les conservateurs de dilapider les produits de la bonne gestion de ses prédécesseurs.

De passage dans la ville natale de M. Chrétien, M. Ignatieff a affirmé jeudi que le premier ministre Stephen Harper exploite les réussites des gouvernements formés par le Parti libéral du Canada (PLC).

En cette deuxième journée du volet québécois de sa tournée pancanadienne, M. Ignatieff a aussi bénéficié d'une leçon de la célèbre prise au collet exécutée par M. Chrétien à l'encontre d'un manifestant, en 1996.

Après avoir esquissé le même geste vers M. Ignatieff, avec qui il était assis dans un auditorium à l'occasion d'un rassemblement militant, l'ancien chef libéral s'est arrêté et il a plutôt fait sa démonstration en portant la main au cou du député libéral Justin Trudeau, qui se tenait à ses côtés.

«Depuis mon entrée en politique, j'ai pris des leçons de Jean et ce matin j'ai perfectionné la poignée de main de Shawinigan, un concept compliqué mais je commence à la maîtriser avec l'expertise du maître», a ensuite déclaré M. Ignatieff.

Dans un discours devant des militants, M. Ignatieff s'est réjoui de cette étape de sa tournée passée en la compagnie de celui qu'il a présenté comme un «maître de la politique canadienne».

Se positionnant en digne héritier des premiers ministres libéraux qu'ils l'ont précédé, le chef du PLC a accusé M. Harper de profiter de la bonne gestion et des politiques bancaires de la période où Paul Martin était ministre des Finances de M. Chrétien.

M. Ignatieff a enjoint les Canadiens à reporter les libéraux aux pouvoir et à cesser de se contenter du mauvais substitut offert par les conservateurs.

«M. Harper surfe, exploite la bonne gestion Chrétien-Martin, a-t-il dit. M. Harper profite des politiques bancaires de l'ère Chrétien. M. Harper exploite ce que les libéraux ont accompli.»

Malgré les difficultés rencontrées par M. Ignatieff, qui peine à convaincre l'électorat qu'il constitue une alternative aux conservateurs, M. Chrétien s'est montré confiant que le chef libéral saura rallier les suffrages.

L'ancien premier ministre a rappelé que juste avant d'être porté au pouvoir pour une période de 10 ans, en 1993, son adversaire conservatrice Kim Campbell dominait dans les sondages.

«Soudainement, elle est montée haut dans les «polls» et j'ai déclaré que c'était une étoile filante, qu'elle avait une job d'été, a-t-il dit, aux côtés de M. Ignatieff. Et c'est ce qui est arrivé. On a travaillé durant l'été et après les élections, les conservateurs n'avaient plus que deux sièges.»

Dans la cohue d'une manifestation anti-pauvreté en Outaouis en 1996, M. Chrétien avait empoigné par le cou l'un d'eux, Bill Clennett, qui se trouvait sur son passage.

L'homme était tombé par terre et s'était cassé une dent.

Peu après avoir accueilli la caravane estivale du chef libéral, jeudi, M. Chrétien a évoqué cet incident en blaguant avec M. Ignatieff et M. Trudeau, alors qu'ils amorçaient une visite de la Cité de l'énergie, à Shawinigan.

Jeudi, l'Express libéral avait amorcé son périple par une visite dans une usine de Trois-Rivières.

Après la halte à Shawinigan en compagnie de M. Chrétien, la caravane s'est arrêtée dans le secteur Pointe-du-Lac de Trois-Rivières, où M. Ignatieff s'est engagé à collaborer avec le gouvernement du Québec pour mettre en oeuvre une mesure incitative pour attirer davantage de médecins de famille dans les collectivités rurales.

Cet incitatif pourrait atteindre 20 000 $ par année pendant quatre ans, a indiqué le chef libéral.

M. Ignatieff poursuit sa tournée dans la région montréalaise vendredi et samedi.