La Gendarmerie royale du Canada n'a trouvé aucune preuve permettant de déposer des accusations criminelles contre l'ancienne ministre Helena Guergis, mais la nouvelle ne semblait pas suffisante, mercredi, pour lui permettre de réintégrer les rangs du Parti conservateur.

Mme Guergis a été écartée du cabinet et du caucus et a été forcée de siéger comme indépendante dans sa circonscription ontarienne de Simcoe-Grey après des allégations voulant qu'elle se serait servie de ses fonctions pour favoriser les intérêts commerciaux privés de son mari, l'ancien député conservateur Rahim Jaffer.

M. Jaffer travaillait avec une entreprise de Toronto qui fait actuellement face à des accusations de fraude.

Le premier ministre Stephen Harper a remis le dossier à la GRC à la fin du mois d'avril et affirmé qu'en attendant le dénouement de l'affaire, Mme Guergis resterait exclue du caucus conservateur. Il a aussi envoyé une lettre à la commissaire parlementaire à l'éthique, Mary Dawson.

L'avocat d'Helena Guergis, Howard Rubel, a confié avoir reçu mercredi matin un appel de l'enquêteur de la GRC pour les crimes commerciaux, John Kueper, qui a affirmé que le corps policier fédéral n'avait trouvé «aucun fondement» aux questions soulevées par le bureau du premier ministre, et rien qui ne vaille la peine d'être examiné plus en profondeur.

M. Rubel a ajouté que la GRC n'avait jamais interrogé Mme Guergis durant son enquête. À son avis, le fait que les enquêteurs n'aient pas senti le besoin de lui parler a une signification importante.

Le bureau du premier ministre ne semble pas avoir été influencé par le jugement de la GRC: il a confirmé mercredi que Mme Guergis ne serait pas réintégrée dans le caucus.

La porte-parole Sara MacIntyre a cité une liste de questions en suspens concernant Mme Guergis et son mari.

«Il y a plusieurs facteurs, notamment à l'égard de la divulgation de son hypothèque, de même qu'au sujet des relations d'affaires de son mari et de l'utilisation de son bureau et de son téléphone BlackBerry à des fins commerciales», a dit Mme MacIntyre.

Mme Guergis a omis de déclarer à la commissaire à l'éthique et aux conflits d'intérêts qu'elle avait contracté une obligation hypothécaire. Elle a payé une amende de 100 $ ce printemps pour cette affaire.

La commissaire enquête présentement sur la possibilité qu'elle ait enfreint les règles de l'éthique quand elle a écrit une lettre d'appui à une homme d'affaires de sa circonscription qui avait déjà eu des relations d'affaires avec son mari.

«Il y a encore des enquêtes sur l'éthique, et les conservateurs tentent de faire en sorte que leurs membres respectent un niveau de conduite élevé», a ajouté Mme MacIntyre.

Le ministre des Ressources naturelles, Christian Paradis, fait également l'objet d'une enquête de la part de la commissaire à l'éthique et aux conflits d'intérêt en lien avec ses relations d'affaires avec M. Jaffer, mais il n'a pas été exclu du caucus ni du cabinet.

Helena Guergis n'a pas commenté la décision de la GRC. Son bureau a affirmé qu'elle passait du temps avec sa famille mercredi.

Son avocat a pour sa part affirmé qu'elle se réjouissait de la nouvelle.

«Elle était comblée de se faire dire qu'il n'y avait pas de raison de mener une enquête», a fait savoir Me Rubel.

«La réponse ne l'a pas surprise mais il reste qu'il est agréable de se faire dire que plus rien ne pend au-dessus de votre tête, surtout qu'on ne lui a jamais dit, pendant cette période, ce qu'on lui reprochait», a aussi noté Me Rubel.