La participation du Canada au programme du Joint Strike Fighter a déjà eu des retombées pour les entreprises canadiennes.

Jusqu'ici, le Canada a investi environ 168 millions de dollars dans la mise au point du chasseur, un vaste programme auquel participent aussi les États-Unis, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l'Italie, la Turquie, le Danemark, la Norvège et l'Australie.

Selon le ministre canadien de l'Industrie, Tony Clement, Lockheed Martin et ses partenaires ont déjà accordé pour 350 millions de dollars de contrats à plus de 85 entreprises, universités et laboratoires de recherche au Canada. «C'est déjà un rendement qui représente le double de notre investissement», a-t-il déclaré hier en conférence de presse à Ottawa.

Le gouvernement fédéral s'est engagé à investir environ 551 millions de plus au cours des 40 prochaines années afin de contribuer au financement de la production de l'avion.

Hier, Ottawa s'est engagé encore davantage dans le projet en annonçant son intention d'acquérir 65 appareils. La transaction, qui comprendra également l'armement, l'infrastructure, les pièces de rechange initiales, les simulateurs d'entraînement et les fonds de prévoyance, devrait atteindre 9 milliards de dollars.

Le ministre Clement croit que les retombées de ces acquisitions pour l'industrie canadienne pourraient dépasser 12 milliards de dollars. Il a toutefois rappelé qu'il appartient aux entreprises d'aller chercher ces retombées.

«Soyez dynamiques! a-t-il lancé. Montrez au monde que les entreprises canadiennes offrent la meilleure valeur pour le programme du Joint Strike Fighter.»

Des entreprises québécoises ont déjà profité des investissements initiaux du gouvernement canadien dans le F-35. Il s'agit d'entreprises de bonne taille comme Pratt&Whitney Canada, GE Bromont, Héroux-Devtek et CMC Électronique, mais aussi de PME comme BNH Expert Software et Newmerical Technologies International, des concepteurs de logiciels, et Montreal Carbide, qui produit des poudres céramique.

Pratt&Whitney Canada (P&WC), qui réalise notamment une pièce importante du moteur du Joint Strike Fighter, devrait encaisser des revenus d'une centaine de millions de dollars en 25 ou 30 ans.

Pour sa part, Héroux-Devtek a conçu des composants structuraux et des dispositifs de verrouillage de porte, une contribution qui représente environ 750 000$US par appareil.

«Nous commençons la fabrication, mais à des rythmes de production très peu élevés, a indiqué le président et chef de la direction d'Héroux-Devtek, Gilles Labbé. Mais le programme va accélérer et on s'attend à faire jusqu'à 200 avions par année. Ça va créer beaucoup de travail pour nous, mais aussi pour d'autres entreprises.»

M. Labbé s'est surtout réjoui de voir Ottawa annoncer son acquisition dès maintenant.

«Lockheed Martin et ses partenaires, comme Northrop Grumman et Pratt&Whitney, sont encore à mettre au point leurs chaînes d'approvisionnement, a-t-il expliqué. Il ne faut pas attendre que le rythme de production soit de 100 ou 125 appareils par an, ce sera trop tard pour obtenir du travail. Il faut arriver au début.»

Le gouvernement n'a toutefois pas encore conclu d'entente avec Lockheed Martin au sujet de l'entretien des appareils. «Il faut s'entendre sur un concept opérationnel avant de passer la commande, c'est essentiel, a commenté Sylvain Bédard, président de L3 MAS, une entreprise de Mirabel spécialisée dans l'entretien des avions de chasse. Sinon, on n'a pas beaucoup de pouvoir de négociation.»

L3 MAS espère réaliser des travaux d'entretien sur le F-35. «Nous sommes le centre d'excellence pour les chasseurs des Forces canadiennes, lance M. Bédard. Nous essayons de maintenir cette position.»