Le premier ministre Stephen Harper estime que les pays du G20 ont réussi, en coordonnant leurs plans de relance en 2008, à éviter que l'économie mondiale ne sombre dans une spirale de dépression.

Maintenant qu'il y a des signes de reprise, le défi est de maintenir cette cohésion et d'adopter une politique commune, notamment en matière de réduction du déficit et de l'endettement, pour s'assurer que la croissance économique soit stable et durable, a affirmé le premier ministre dans une entrevue accordée à La Presse mardi.

Selon M. Harper, la Chine et les États-Unis ne font pas face aux mêmes défis économiques, mais leurs choix peuvent nuire grandement à la santé de l'économie mondiale s'ils agissent de manière isolée.

D'où l'importance, selon lui, de s'assurer que les leaders du G20 continuent d'agir d'une manière concertée pour soutenir la création d'emplois et encourager les investissements.

Le sommet que présidera M. Harper en fin de semaine à Toronto, tout de suite après le sommet du G8 vendredi et samedi à Huntsville, représente donc un test crucial pour la suite des choses.

«C'est grâce à la solidarité et aux décisions du G20 qu'on a évité une dépression. Rien de moins. L'économie mondiale était en chute libre et tout le monde savait qu'il fallait faire des choses ensemble pour sauver la situation», a dit M. Harper.

«Le G20 est maintenant le principal forum économique du monde. Son vrai défi est de démontrer qu'il est capable d'avoir la même solidarité que durant la crise. Maintenant que la relance est commencée, le G20 est-il capable d'agir d'une manière décisive et solidaire comme avant ? Nous avons besoin de décisions claires, mais aussi de décisions coordonnées et équilibrées. Ce n'est pas facile. La relance se manifeste différemment d'un pays à l'autre, et les priorités commencent à être différentes», a-t-il ajouté.

Durant ce sommet, le premier ministre insistera pour que les pays du G20 suivent leur plan de relance jusqu'au bout. Mais il tentera aussi de les convaincre d'adopter des plans «crédibles» pour éliminer leur déficit et réduire leur endettement.

Selon M. Harper, les pays du G20, en particulier les plus développés, doivent s'attaquer de front à ce problème, faute de quoi la reprise économique pourrait être compromise.

«Les marchés sont clairs. Ils commencent à s'inquiéter au sujet de l'endettement de beaucoup de pays, surtout les pays industrialisés. On doit s'attaquer à ce problème. Il y a des taux d'endettement très élevés dans plusieurs pays. Le Canada est une exception à cet égard», a dit le premier ministre.

Contre une taxe bancaire

La même logique s'applique au système financier. Les pays doivent adopter des règles plus sévères pour empêcher les institutions financières de commettre des bavures comme celles qui sont à l'origine de la crise mondiale de 2008. Toutefois, le Canada continuera de s'opposer farouchement à l'idée d'imposer une taxe bancaire mondiale, comme le proposent les États-Unis et certains pays européens.

«À mon avis, pour soutenir la reprise et éviter une autre récession, il est essentiel que les grands pays continuent de travailler de concert. C'est le grand défi. Le Fonds monétaire international est sans équivoque à ce sujet. Si les pays travaillent d'une manière coordonnée, on peut créer des millions de jobs et des milliards de dollars de croissance économique. Mais cela n'arrivera pas si on travaille d'une manière isolée», a dit le premier ministre.

Même si le G20 est devenu le forum des grandes questions économiques, le premier ministre estime que le G8 a toujours sa raison d'être parce qu'il rassemble des pays qui ont des atomes crochus en matière d'aide au développement, de paix et de sécurité ou de changements climatiques. «Je pense que le G8 a toujours un rôle à jouer dans le monde. Le G20 est principalement un forum économique», a-t-il dit.