Le Bloc québécois a dû marcher un peu sur son orgueil cette semaine lorsqu'il a conclu une entente avec le gouvernement Harper et le Parti libéral afin de permettre aux députés d'avoir accès aux documents secrets concernant les prisonniers afghans.

Le député bloquiste Luc Desnoyers et son substitut Richard Nadeau ont dû signer un engagement de confidentialité cette semaine avant d'obtenir l'accès aux fameux documents.

L'une des clauses de cet engagement, dont La Presse a obtenu un exemplaire hier, stipule que le signataire prête serment de loyauté envers le Canada.

«Moi..., je jure (ou j'affirme solennellement) que je ferai preuve de loyauté envers le Canada et son peuple, dont je partage les convictions démocratiques, respecte les droits et libertés et observe les lois. Je jure (ou j'affirme solennellement) en outre que je ne communiquerai ni n'utiliserai sans y avoir été dûment autorisé rien de ce qui parviendra à ma connaissance pendant l'examen de la documentation», peut-on lire dans le document.

Stephen Harper, Michael Ignatieff et Gilles Duceppe ont parafé le protocole d'entente mardi.

La mission reste la même

Interrogé à ce sujet, hier, le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette, a affirmé que cette clause ne porte nullement atteinte à la mission fondamentale des députés bloquistes, soit de travailler à réaliser la souveraineté du Québec.

M. Paquette a négocié au nom du Bloc québécois les détails de cette entente avec le leader du gouvernement en Chambre, le ministre Jay Hill, et le leader parlementaire du Parti libéral, Ralph Goodale. Le NPD a participé aux négociations, mais a claqué la porte avant la fin des discussions, jugeant inacceptables les limites imposées par le gouvernement conservateur.

«Nous sommes sur la scène fédérale. Nous prêtons déjà un serment d'allégeance à la reine d'Angleterre pour pouvoir siéger à la Chambre des communes. Pour nous, c'est tout simplement une formalité. Cela n'a aucune portée sur nos convictions souverainistes», a expliqué Pierre Paquette.

Il a ajouté que la clause portant sur «la loyauté envers le Canada» avait été recommandée il y a quelques années par le comité de la sécurité publique, qui évaluait alors la meilleure façon de mettre sur pied un comité parlementaire pour examiner les activités d'organismes tels que le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).

«Nous n'avons pas voulu en faire un objet de négociations. C'est sûr que j'ai demandé si c'était possible de le retirer. Mais ils (les autres partis) ont dit que cela découle du travail du comité de la sécurité publique et que le Bloc avait acquiescé à cette clause à ce moment», a dit Pierre Paquette.

Le NPD s'est moqué hier de la décision des députés bloquistes de signer cet accord. «Ça démontre bien que le Bloc québécois était prêt à signer n'importe quoi. Les gens du Bloc avaient un mandat clair de Gilles Duceppe: un mauvais accord était mieux que pas d'accord du tout. Alors, ils ont signé un très mauvais accord», a soutenu un stratège néo-démocrate.

L'entente, qui a été acceptée hier par le président des Communes, Peter Milliken, prévoit la création d'un comité formé d'un député de chaque parti signataire. Ce comité révisera les documents touchant le transfert de détenus aux autorités afghanes par les soldats canadiens. Les documents jugés pertinents seront ensuite confiés à des experts juristes qui devront décider si la divulgation intégrale de l'information causerait un préjudice à la sécurité nationale.