Le directeur des communications de Stephen Harper n'ira pas témoigner devant un comité du Parlement, malgré une citation à comparaître qu'il est maintenant réputé avoir reçue.

Un comité a décidé mardi que Dimitri Soudas est considéré comme ayant reçu son assignation, même si un huissier n'a pas été capable de lui remettre le document en mains propres.

Les membres de l'opposition, majoritaires sur ce comité qui se penche sur de possibles ingérences politiques dans les demandes d'accès à l'information, ont tous voté en faveur de cette motion du Bloc québécois, qui rappelle les multiples tentatives d'un huissier de lui signifier une citation à comparaître, sans oublier toute la publicité qui les a entourées.

Un ultimatum est aussi lancé à M. Soudas: il doit se présenter pour témoigner d'ici le 16 juin.

Faisant fi de cette décision du comité sur l'accès à l'information, M. Soudas a indiqué à La Presse Canadienne mardi qu'il n'a pas l'intention de se présenter jeudi - la date à laquelle il a été convoqué au comité - ni à une date ultérieure.

«Le premier ministre a lui-même écrit une lettre au comité», a rappelé M. Soudas, faisant référence à la missive de Stephen Harper dans laquelle il précise que «le but de cette lettre est d'informer le comité de mes instructions à M. Soudas de ne pas se présenter devant ce comité.»

Une lettre qui avait soulevé l'indignation de l'opposition la semaine dernière.

Le gouvernement ne change ainsi pas sa position sur le témoignage des employés, a confirmé M. Soudas, ajoutant que les comités du Parlement sont devenus des «tribunaux fantoches».

Ceux-ci ne se présenteront pas devant les comités, les ministres pour lesquels ils travaillent iront à leur place en vertu du principe de la responsabilité ministérielle, a décrété le gouvernement le mois dernier.

«Il est difficile de croire que ce gouvernement qui se dit en faveur du respect de la loi et de l'ordre peut ainsi défier la loi», a déclaré le libéral Wayne Easter lors du débat en comité.

«C'est un affront à la justice», a-t-il ajouté.

Un avis partagé par le chef du Bloc Gilles Duceppe. «Tout citoyen qui est assigné par «subpoena» a le devoir, l'obligation de par la loi de se présenter mais Stephen Harper a décidé que la loi ce n'est pas pour lui, ce n'est pas pour Soudas. Il faut le faire là», s'est-il indigné à sa sortie des Communes.

La motion vise aussi une autre employée, soit Jillian Andrews, autrefois conseillère politique au ministère des Travaux publics. Elle devait témoigner mardi, mais le ministre Christian Paradis s'est présenté à sa place.

Il a cependant poireauté une deuxième fois de suite, les membres du comité refusant de lui poser des questions.

Quant aux conservateurs siégeant au comité parlementaire, ils ont tenté de bloquer la motion du Bloc de plusieurs façons: d'abord en exigeant que la motion orale de la députée bloquiste Carole Freeman soit déposée par écrit et en anglais, et ensuite en argumentant que la présence de ministres pour répondre à leurs questions devrait satisfaire les membres du comité.

Finalement, le député conservateur Randy Hoback a suggéré qu'il pourrait être préférable d'attendre que le président de la Chambre des communes tranche cette question: est-ce que le personnel politique doit se présenter ou non devant les comités?

Une question qui n'a pas encore été soumise au président des Communes, a fait remarquer le président du comité sur l'accès à l'information, Paul Szabo.

Mais qui risque de l'être bientôt, les membres de l'opposition sur le comité n'attendent que de constater l'absence de Dimitri Soudas, jeudi, pour faire un rapport d'outrage au Parlement à la Chambre des Communes.