Une initiative sur la santé maternelle et infantile devrait comprendre l'accès légal et sécuritaire à l'avortement dans les pays en développement, juge l'ex-politicienne Belinda Stronach, qui joint sa voix au lot de critiques envers la décision du gouvernement de Stephen Harper de ne pas financer à l'étranger les projets qui concernent l'interruption de grossesse.

«Mon opinion est que chaque femme, dans les pays en développement, en Afrique ou peu importe où dans le monde, devrait avoir le même accès à l'avortement que les femmes ici au Canada», a souligné mardi l'ancienne ministre libérale, sous Paul Martin, et ancienne candidate à la direction du Parti conservateur, arrivée deuxième derrière Stephen Harper.«Il n'y a personne selon moi qui choisit de se faire avorter pour le plaisir», a ajouté Mme Stronach, rappelant qu'il y a «une personne qui meurt chaque minute en raison d'avortements non sécuritaires ou de complications liées à la grossesse».

Les dirigeants de l'organisme ONE, qu'appuie Belinda Stronach, étaient de passage à Ottawa mardi, justement pour démontrer à quel point les investissements des pays du G8 en Afrique pour contrer la pauvreté portent leurs fruits.

Le premier ministre Harper a annoncé en janvier dernier son intention de placer l'enjeu de la santé maternelle et infantile en tête des priorités du sommet du G8, dont le Canada sera l'hôte, en juin. Mais depuis, la controverse fait rage à Ottawa, sur l'inclusion ou non de la question de l'avortement dans le débat.

L'opposition accuse le gouvernement d'être incohérent dans ses positions: refusant de financer l'avortement à l'étranger, mais permettant celui-ci au Canada.

Le dossier a encore rebondi à la Chambre des communes mardi. La Presse Canadienne révélait cette semaine que le gouvernement est allé à l'encontre des recommandations de ses propres fonctionnaires en refusant d'inclure l'avortement dans l'initiative sur la santé maternelle et infantile.

«Il est écrit noir sur blanc que l'accès à un avortement sécuritaire pour les femmes dans les pays en voie de développement permettrait de sauver des vies, a lancé le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe. En ignorant les recommandations de ses propres fonctionnaires, le premier ministre ne vient-il pas de faire la preuve que sa politique en matière de santé maternelle est dictée par le lobby de la droite religieuse?»

Rien de surprenant, selon le député libéral Bob Rae. «C'était clairement une décision politique de la part du gouvernement», a-t-il estimé.

Pour le député du NPD Paul Dewar, c'est la plus grande confusion qui règne au gouvernement dans ce dossier.

«J'ai demandé au gouvernement encore ce matin en comité combien d'argent serait investi dans l'initiative sur la santé maternelle. Personne n'est capable de me répondre», a souligné M. Dewar.