Une nouvelle confrontation semble sur le point d'éclater entre le gouvernement fédéral et les partis d'opposition, alors que les conservateurs comptent interdire au personnel politique de se présenter devant les comités parlementaires.

Les conservateurs devraient dévoiler une politique à cet effet, mardi, alors que les activités reprendront au parlement à la suite d'une semaine de pause, a indiqué dimanche Dimitri Soudas, directeur des communications du premier ministre Stephen Harper.

«Les ministres sont ceux qui sont responsables des politiques, des opérations et des décisions prises par leur personnel», a déclaré M. Soudas lors de l'émission de télévision «Question Period», au réseau CTV.

«Nous ne sommes pas aux États-Unis, où le Congrès américain appelle des gens à comparaître, les cuisine et fait ce qu'il veut», a-t-il indiqué.

«Nous sommes au Canada, et notre principe constitutionnel est très simple. C'est la responsabilité des ministres.»

L'initiative d'Ottawa survient quelques jours à peine après que le gouvernement et les députés de l'opposition eurent réglé un différend au sujet de la diffusion publique de documents sur les détenus afghans, évitant une confrontation constitutionnelle.

Le nouveau différend fait surface alors qu'un comité des Communes enquête sur des allégations d'ingérence politique dans la publication de documents en vertu des dispositions de la Loi sur l'accès à l'information.

M. Soudas doit comparaître mardi devant le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique. Il figure parmi les nombreux membres du personnel politique qui seront convoqués pour témoigner.

Le porte-parole a cependant clairement indiqué qu'il n'avait aucunement l'intention de se présenter.

«Je ne prévois pas me présenter devant ce comité», a-t-il déclaré.

Plus tôt ce mois-ci, un membre du personnel politique conservateur ayant empêché que les médias aient accès à un rapport a, à maintes reprises, évité de répondre aux questions du comité, qui voulait savoir combien de fois il était intervenu de la sorte.

Sébastien Togneri avait précédemment dit au comité avoir fait une «erreur» lorsqu'il a ordonné qu'un document de 137 pages -dont la publication avait déjà été autorisée par les autorités et appuyée par les avocats du gouvernement- ne soit pas divulgué.

M. Togneri travaillait pour Christian Paradis, alors ministre des Travaux publics, lorsqu'il a ordonné l'été dernier à des fonctionnaires de ne pas rendre public un rapport interne dont La Presse Canadienne devait prendre connaissance.

Le document, portant sur le portefeuille des biens immobiliers du gouvernement fédéral, a été intercepté au moment d'être envoyé par la poste, et il a par la suite été publié dans une version censurée de 30 pages.