Le 21 mai 1990, Lucien Bouchard démissionnait du gouvernement fédéral. Ce geste, qui a semé une commotion à l'époque, a mené à la création du Bloc québécois.

Cette nouvelle a eu l'effet d'une bombe et dans un contexte particulièrement tendu à Ottawa. En partie irrités par l'échec de l'Accord du lac Meech, un vent de méfiance s'était emparé des députés issus du Québec.

La veille de sa démission fracassante, Lucien Bouchard, alors député conservateur, avait choisi d'envoyer un télégramme au Parti québécois. Le chef d'alors, Jacques Parizeau, en a fait la lecture à quelques 200 militants péquistes réunis en Conseil général à Alma.

Dans son message, celui qui siégeait au cabinet de Brian Mulroney, précisait que les Québécois étaient pleinement conscients de leur droit «inaliénable de décider eux-mêmes de leur destin».

Cette déclaration est survenue dans la foulée du dixième anniversaire de l'échec du premier référendum sur la souveraineté-association de René Lévesque.

Aujourd'hui à Ottawa, Gilles Duceppe se souvient de cette décision de Lucien Bouchard. Avec le recul, il a expliqué que ceux qui le connaissaient l'homme n'avaient pas été si étonnés de le voir claquer la porte au fédéralisme. Cette volte-face avait été suive de celle d'autres collègues conservateurs.

«Ceux qui étaient près de lui sentaient bien que tout ça était en train de germer, mais beaucoup ont été surpris», a expliqué Gilles Duceppe.

L'actuel chef bloquiste avoue qu'à l'époque, il ne faisait pas partie du cercle rapproché de Lucien Bouchard. Gilles Duceppe militait à la CSN sur d'importantes négociations dans le secteur de l'hôtellerie. Il explique néanmoins que sa réflexion pour faire le saut en politique cheminait depuis un certain temps.

«Je suivais la situation de près et en regardant ce qui se passait à Ottawa, je me disais qu'il allait se passer quelque chose. J'avais déjà mouillé dans la politique dans les années 1970 et je sentais que j'étais prêt à en faire», a-t-il confié.

Par la suite les choses se sont précipitées. Des partielles avaient été déclenchées dans Laurier-Sainte-Marie, après le décès du député libéral Jean-Claude Malépart survenu le 16 novembre 1989.

Plusieurs voulaient éviter que le siège ne soit remporté à nouveau par les libéraux.

Le bloc se cherchait un candidat. Gilles Duceppe venait de conclure une entente de principe dans son dossier de négociation. Il s'est porté volontaire et est devenu le premier élu de cette formation politique naissante, le 13 août 1990.