Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, rejette les accusations selon lesquelles le gouvernement Harper tente, de manière détournée, de rouvrir le débat sur l'avortement au pays.

En conférence de presse, hier, à Ottawa, le chef de la diplomatie canadienne a répété ce que plusieurs de ses collègues du cabinet ont affirmé au cours des derniers jours: «Ce n'est pas du tout notre intention de rouvrir ce débat.»

 

La question de l'avortement a été propulsée à l'avant-scène de l'actualité après que le premier ministre Stephen Harper eut refusé de financer des services d'avortement dans les pays en voie de développement dans le cadre de son initiative pour la santé maternelle et infantile qui sera discutée au sommet du G8 à Toronto à la fin juin.

«L'objectif de notre initiative ne vise pas à rouvrir ce débat. Au contraire, l'objectif vise à sauver la vie de milliers et de milliers de personnes qui en ont grandement besoin en prodiguant des soins aux femmes et aux jeunes enfants», a dit M. Cannon.

Pression

La semaine dernière, des groupes opposés à l'avortement ont manifesté leur satisfaction de voir le gouvernement Harper refuser de céder aux pressions de l'opposition dans ce dossier.

En fin de semaine, le cardinal Marc Ouellet s'est aussi réjoui de la décision du gouvernement conservateur, mais il a provoqué une vive controverse en affirmant qu'une femme commet un crime moral lorsqu'elle se fait avorter, même si sa grossesse résulte d'un viol.

Toute la classe politique à Québec et à Ottawa s'est élevée contre les propos du cardinal Ouellet. La ministre des Affaires intergouvernementales, Josée Verner, a soutenu que les propos du cardinal étaient «inacceptables» et en a profité pour réaffirmer qu'il était hors de question de relancer le débat sur l'avortement au pays.

Le Parti libéral a tourné en dérision l'indignation de Mme Verner. «Si la ministre Josée Verner croit réellement que les remarques d'un cardinal du Québec sont inadmissibles, pourquoi ne s'est-elle pas opposée à la décision de son gouvernement de supprimer le financement des organismes d'aide qui défendent les droits liés à la reproduction dans les pays en développement, notamment ceux où le viol est utilisé comme une arme de guerre?» a lancé la députée libérale Alexandra Mendès.

Le Parti libéral a rappelé que, selon une récente étude menée par la Banque mondiale, 20 millions des 200 millions de grossesses annuelles aboutissent à des avortements pratiqués dans de mauvaises conditions. En outre, quelque 68 000 femmes meurent chaque année à la suite d'un avortement pratiqué dans de mauvaises conditions et 5,3 millions en conservent une incapacité temporaire ou permanente.