Un lobbyiste qui a participé à l'organisation d'une campagne de financement pour Lisa Raitt s'est vanté à des associés que la ministre conservatrice était prête à «pousser» leur projet en vertu du Fonds pour l'énergie propre.

Dans cette histoire, qui ressemble étrangement à la tempête médiatique entourant Helena Guergis et son mari Rahim Jaffer, le lobbyiste en question, Michael McSweeney, a lui-même admis que le courriel qu'il avait envoyé était «autoglorifiant» et très «vantard».

Les détails de l'affaire ont été révélés dans un rapport de la commissaire fédérale aux conflits d'intérêts et à l'éthique, Mary Dawson, dévoilé jeudi. La ministre Lisa Raitt y est blanchie.

Mais Mme Dawson affirme toutefois que de nouvelles règles sont nécessaires pour empêcher les lobbyistes de récolter des fonds pour les ministres.

Mme Dawson s'était penchée sur une plainte voulant que l'Autorité portuaire de Toronto ait fait la promotion, en septembre dernier, d'une activité de financement organisée pour Mme Raitt par M. McSweeney, un lobbyiste pour l'Association canadienne du ciment. Le frère de ce dernier était le directeur de bureau de Mme Raitt.

L'Autorité portuaire est une société fédérale auparavant dirigée par Mme Raitt, et l'Association du ciment se livrait à un lobby actif auprès de celle qui était alors ministre des Ressources naturelles au sein du cabinet conservateur.

Le rapport révèle que M. McSweeney avait été engagé pour aider à vendre des billets pour la campagne de financement par son frère, Colin McSweeney, qui dirigeait à l'époque le bureau de Mme Raitt sur la Colline parlementaire.

Colin McSweeney est un membre du personnel politique de la Colline parlementaire bien connecté et est aussi organisateur pour le Parti conservateur dans l'est de l'Ontario. Il est également proche du premier ministre, Stephen Harper.

Ainsi, après avoir aidé à préparer l'événement du 24 septembre, Michael McSweeney a envoyé un courriel au président et aux directeurs de l'Association du ciment du Canada. Il rapporte avoir pris un verre avec la ministre et que cette dernière était particulièrement enthousiaste vis-à-vis du projet et qu'elle en voulait une copie afin de le «pousser» personnellement.

Michael McSweeney dit également qu'il fournira une copie de l'application à son frère Colin, qui travaille pour elle, afin qu'il lui remette en mains propres.

Toujours selon le rapport de la commissaire, Lisa Raitt aurait précédemment rencontré un représentant de l'association au sujet du projet, qui n'était pas éligible au programme de 200 millions $ du Fonds pour l'énergie propre. Mais elle a cependant suggéré «qu'il pourrait entrer dans la catégorie de projet pilote».

Mais Mary Dawson conclut que Mme Raitt n'a jamais reçu ledit rapport et que le projet n'a jamais été financé.

Puis, Michael McSweeney a par la suite dit à la commissaire qu'il regrettait beaucoup et qu'il avait honte d'avoir envoyé le courriel afin de bien paraître.

Ainsi, le rapport conclut que Mme Raitt n'a pas participé directement à l'organisation de l'événement, qu'elle n'a pas personnellement demandé de contributions et qu'elle n'a demandé à personne de vendre des billets.

La commissaire Dawson estime que la ministre, qui a depuis été mutée au Travail, n'a contrevenu ni à la Loi fédérale sur les conflits d'intérêts, ni au code d'éthique des députés.

Mme Dawson souligne toutefois qu'aucune ligne directrice n'encadre ce genre de situation et que des règles sont nécessaires pour empêcher les ministres de se retrouver coincés dans un conflit d'intérêts réel ou apparent.