Le député conservateur de Beauce Maxime Bernier se défend de faire du «Québec bashing», comme l'accusent le ministre des Finances du Québec, le Parti québécois, le Bloc québécois et le NPD, lorsqu'il déplore la dépendance économique de la province envers le reste du Canada.

Le discours qu'a prononcé M. Bernier vendredi soir en Montérégie dans lequel il critique vertement les «politiques irresponsables de la part du gouvernement du Québec qui vivent au-dessus de leurs moyens et qui nous endettent» depuis les 40 dernières années continue de faire des vagues.

 

S'il a été vivement applaudi dans les rangs conservateurs d'un bout à l'autre du pays, M. Bernier s'est fait rabrouer par bon nombre d'élus au Québec, dont le ministre des Finances Raymond Bachand qui a invité le député de Beauce mardi à «défendre les valeurs québécoises ailleurs au Canada plutôt que de faire du Québec bashing en Alberta».

M. Bernier a rétorqué hier qu'il avait prononcé ce fameux discours au Québec et non pas ailleurs au pays afin de dire «la vérité aux Québécois». Encore hier, il a affirmé qu'il est difficilement acceptable que le Québec reçoive 8,5 milliards de dollars en paiements de péréquation du gouvernement fédéral. C'est un signe indéniable, selon lui, que le Québec est une société pauvre qui doit s'atteler à créer de la richesse en misant sur l'entrepreneuriat et moins d'intervention de l'État dans l'économie.

«M. Bachand dit que je me promène avec un discours à travers le Canada. Mais j'ai dit ces propos-là une seule fois. Je les ai dits vendredi dernier à Québec en français devant les Québécois et ce sont des faits. Je suis fier d'être québécois. J'aime le Québec. Et c'est pour ça que j'ai voulu mettre les pendules à l'heure et dire la vérité aux Québécois», a affirmé l'ex-ministre des Affaires étrangères en point de presse hier.

«J'ai été chaudement applaudi par les 150 personnes qui étaient présentes. Pourquoi? Parce que les Québécois aiment se faire dire la vérité et j'ai dit la vérité. (...) Le Québec est la cinquième société la plus endettée dans les pays industrialisés et moi je constate que depuis 40 ans on a des gouvernements au Québec de plus en plus gros, qui interviennent de plus en plus dans l'économie et ça fait en sorte qu'on s'endette. Ce sont les générations futures qui vont devoir payer et moi je m'inquiète. Je vois qu'on s'en va directement dans un mur et je ne veux pas que ça arrive», a-t-il ajouté.

Série de discours

Depuis janvier, M. Bernier a livré une série de discours un peu partout au pays qui ne sont pas passés inaperçus chez les militants conservateurs. À Calgary, en janvier, M. Bernier a proposé de geler le budget fédéral à 250 milliards de dollars pour les prochaines années. À Ottawa, en mars, il a soutenu que le Québec peut être un terreau fertile pour les conservateurs s'ils respectent les particularités de la province. M. Bernier doit prononcer d'autres discours à Winnipeg, à Victoria et à Toronto au cours des prochaines semaines.

Certains y voient là une campagne de séduction de la part du député de Beauce qui ambitionne de remplacer Stephen Harper à la tête du Parti conservateur un jour. M. Bernier s'est défendu de manquer de loyauté envers son chef.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a soutenu que M. Bernier, par ses propos, cherche à se «faire du capital politique sur le dos du Québec» en vue d'une prochaine course au leadership.

«C'est un idéologue borné. Il serait mieux de continuer à vendre des Jos Louis. Il est plus habile dans ça que dans d'autres choses», a dit M. Duceppe.

Le député néo-démocrate Thomas Mulcair a aussi condamné les propos de M. Bernier. «C'est un vieux truc. Il y a déjà eu des politiciens québécois qui se faisaient du capital politique en s'attaquant à leur province. (...) C'est pitoyable franchement de voir Maxime Bernier faire ça, mais puisque sa carrière est finie avec l'actuel leadership du Parti conservateur, il essaie de se positionner comme l'avenir pour le parti», a-t-il dit.