Les excuses d'un conservateur, qui s'en est pris au chef libéral dans un communiqué de presse dénonçant la position de ce dernier sur le registre des armes à feu, ne sont pas suffisantes: les libéraux veulent maintenant en entendre de la bouche du premier ministre.

Le député conservateur, Garry Breitkreuz, a été forcé de s'excuser, mardi soir, suite à l'envoi d'une lettre cinglante à l'endroit du leader libéral, Michael Ignatieff.

Le communiqué dénonçait violemment la décision du chef libéral d'obliger ses députés de voter contre un projet de loi privé d'une députée conservatrice qui vise à abolir le controversé registre des armes à feu.

Les conservateurs mènent une campagne pour ridiculiser la décision de M. Ignatieff et veulent mettre de la pression sur huit députés libéraux qui avaient voté en faveur du projet de loi en deuxième lecture, afin qu'ils maintiennent leur appui lors du vote final, le mois prochain.

Les propos, attribués à M. Breitkreuz dans la lettre envoyée mardi soir, proposaient notamment aux députés libéraux de s'en prendre physiquement à leur chef, un «tyran qui pourrait bien être sur le point de commettre un suicide politique». La missive associait également l'Association canadienne des chefs de police à une secte.

«C'est comme une secte menée par des organisations de chefs de police qui prétendent que le registre les aide à faire leur travail. Ils devraient avoir honte», indiquait le communiqué, dans une citation attribuée au député.

Malgré les excuses du conservateur, qui est un pourfendeur de longue date du registre des armes à feu, Michael Ignatieff et ses troupes veulent maintenant que le premier ministre, Stephen Harper, dénonce à son tour les propos de son député, qui sont inadmissibles ont martelé les libéraux mercredi.

«Je m'en fous franchement de ce qu'il (M. Breitkreuz) dit de moi, a reconnu le chef libéral. Mais ce qu'ils ont dit sur la police, c'est absolument inacceptable. Ce sont des gens qui nous protègent tous les jours», a-t-il souligné.

Et cette sortie de M. Breitkreuz témoigne de plus de l'hypocrisie des conservateurs, a ajouté M. Ignatieff.

«Quand la police est pour eux (de leur côté), ils (les conservateurs) sont rangés derrière pour les annonces. Quand la police dit qu'on a besoin d'un registre des armes à feu, ils lancent des attaques qui sont virulentes, qui sont méprisantes, qui sont absolument inacceptables», a-t-il scandé, à son entrée au caucus national de son parti.

Quant à la défense de M. Breitkreuz, qui plaide qu'il n'a pas rédigé la missive, le libéral Dominic LeBlanc n'en croit rien. C'est une défense ridicule, selon lui, venant de la part d'un député d'arrière-ban qui ne compte certainement pas des milliers d'employés laissés à eux-mêmes.

«Evidemment qu'il savait ce qui sort de son bureau. C'est le dernier refuge des lâches de blâmer un subalterne», s'est indigné le porte-parole du Parti libéral en matière de justice.

Suite aux excuses du député Breitkreuz, le porte-parole du premier ministre, Dimitri Soudas, a reconnu que son communiqué «était de mauvais goût et inapproprié». Le bureau de M. Harper n'a cependant pas présenté d'excuses.