L'ancienne ministre d'État à la Condition féminine Helena Guergis est intervenue en faveur d'une entreprise avec laquelle son mari Rahim Jaffer voulait faire affaire, en écrivant une lettre portant l'entête de son bureau de députée à un conseiller municipal de la circonscription de Simcoe, en Ontario, l'an dernier.

L'entreprise en question, Wright Tech Systems, se spécialise dans la transformation des déchets organiques en biodiesel et tentait de vendre ses services à la circonscription de Simcoe, aux prises avec un problème de gestion des déchets.Le quotidien The Toronto Star révèle dans son numéro d'aujourd'hui que Mme Guergis a fait des efforts pour promouvoir les intérêts de cette entreprise alors que son mari, ancien député conservateur d'Edmonton défait aux élections fédérales de 2008, croyait pouvoir s'y associer, lui qui avait déjà fondé une entreprise, Green Power Generation Corp., l'an dernier.

Le conseiller municipal à qui Mme Guergis a envoyé la lettre se nomme Tony Guergis et il est, en fait, son cousin. Wright Tech Systems n'a finalement pas obtenu de contrat de la circonscription de Simcoe.

Mme Guergis s'est toujours défendue jusqu'ici d'avoir utilisé son poste d'élue pour venir en aide à M. Jaffer. Le code d'éthique régissant la conduite des ministres et des députés leur interdit d'intervenir auprès de personnes ou d'organisations pour favoriser les intérêts de leurs proches ou de leurs amis. Mme Guergis et M. Jaffer n'ont pas voulu commenter les informations du Toronto Star jeudi.

Les allégations de toutes sortes s'accumulent donc au sujet de l'ancienne ministre d'État à la Condition féminine, congédiée du cabinet et expulsée du caucus conservateur par le premier ministre Stephen Harper la semaine dernière.

M. Harper a décidé de montrer la porte de sortie à la députée ontarienne après que des allégations sérieuses et crédibles eurent été portées à son attention, la semaine dernière, par une tierce partie. M. Harper a confié ces allégations à la Gendarmerie royale du Canada, mais il a refusé de les rendre publiques.

Jeudi, le Toronto Star a révélé que cette tierce partie est le détective privé Derek Snowdy, qui enquêtait depuis au moins 18 mois sur Nazim Gillani, homme de Toronto avec qui M. Jaffer voulait faire des affaires et qui doit répondre à des accusations de fraude.

Dans une entrevue au Toronto Star, M. Snowdy a soutenu avoir été informé par M. Gillani que Mme Guergis aurait participé à une soirée festive au cours de laquelle de la cocaïne aurait été consommée et où des prostituées de luxe se trouvaient. M. Snowdy a aussi dit avoir été informé par M. Gillani que Mme Guergis et M. Jaffer auraient formé trois sociétés à numéros au Belize, reconnu comme un paradis fiscal, dans le but d'éviter de payer leur dû au fisc.

Par l'entremise de son avocat, Howard Rubel, Mme Guergis a nié avec véhémence ces allégations. M. Rubel est le même avocat qui a défendu Rahim Jaffer dans sa cause de conduite avec facultés affaiblies et possession de cocaïne. Cette cause s'est soldée il y a quelques semaines par un plaidoyer de culpabilité de M. Jaffer sur la seule accusation de conduite dangereuse.

Interrogés jeudi par les trois partis de l'opposition aux Communes au sujet de ces nouvelles allégations, les conservateurs se sont bornés à dire que le dossier avait été remis à la GRC.

«Je ne sais pas si elles (les allégations) sont vraies. Le premier ministre ne sait pas si elles sont vraies. Et le député de l'opposition ne sait pas si elles sont vraies. C'est pourquoi le premier ministre a fait ce qu'il fallait faire en confiant le dossier à la GRC», a affirmé le ministre des Transports, John Baird.