Michaëlle Jean a éclaté de rire, jeudi, quand on lui a demandé si elle pourrait envisager une carrière politique lorsque son mandat comme gouverneure générale sera terminé.

Lors de la première journée d'une visite officielle au Sénégal, Mme Jean a déclaré qu'elle s'est toujours impliquée au sein de sa communauté, qu'elle a toujours trouvé le moyen de le faire et qu'elle entend continuer sur cette voie.

«Quand on est une femme d'action comme moi, ce que l'on souhaite c'est de toujours porter son énergie là où on peut contribuer à faire une différence», a-t-elle déclaré, ajoutant qu'elle «n'établit pas de hiérarchie dans la capacité de contribuer».

Lors d'une conférence de presse, la gouverneure générale a dressé la liste des différentes voies qu'une personne peut emprunter pour faire une différence en dehors de la politique. Elle a rappelé qu'elle a elle-même contribué à l'ouverture d'un refuge pour femmes battues dans les années 1970, enseigné à l'université et travaillé comme journaliste avant d'être nommée gouverneure générale.

«Ce que je ferai après? Certainement dans le même esprit et animé des mêmes valeurs», a-t-elle évoqué.

Elle a souligné que les journalistes peuvent attirer l'attention vers des problèmes sociaux, avant d'expliquer qu'elle a essayé d'utiliser son poste de gouverneure générale pour mettre en lumière des questions du genre au Canada et à l'étranger. Mme Jean a laissé entendre que sa prochaine carrière sera aussi vouée au service du public.

Le parti libéral, qui l'a nommée à ce poste il y a cinq ans, a refusé de dire s'il allait tenter de la convaincre de tenter sa chance en politique. Le bureau du chef actuel du parti, Michael Ignatieff, a précisé: «La gouverneure générale a fait et continue de faire un excellent travail, mais il serait inapproprié pour nous de spéculer sur son avenir.»

D'ailleurs, un sondage Harris-Décima - La Presse Canadienne réalisé la semaine dernière révèle que 56 pour cent des Canadiens interrogés sont d'avis qu'elle a fait un «bon» ou un «excellent» travail comme gouverneure générale.

Lorsque Michaëlle Jean a été nommée, ses amis avaient laissé entendre qu'elle avait toujours montré plus d'intérêt envers le militantisme populaire que pour les débats politiques.

D'ailleurs, au cours de son mandat, elle a généralement utilisé ses visites - au Canada et à l'étranger - pour rencontrer des organisations non-gouvernementales pour discuter de problèmes tels que la violence familiale, la pauvreté chez les peuples autochtones, et les droits des enfants.

Dans cette veine, elle a enjoint le gouvernement du Sénégal d'agir au sujet du mauvais traitement des enfants dans ce pays, notamment de ce que l'organisation HumanRight Watch a décrit comme de l'«esclavage».

Dans un rapport, l'organisation internationale de protection des droits humains fait état d'écoles islamiques qui ont obligé des dizaines de milliers d'enfants à mendier. Ceux qui ne ramènent pas suffisamment d'argent sont souvent sévèrement battus. Les parents envoient leurs enfants dans ces écoles souvent dans l'espoir qu'ils y reçoivent une éducation religieuse et parce qu'elles sont gratuites.

Michaëlle Jean effectue une visite de 10 jours en Afrique. Elle ira aussi au Rwanda et au Congo.