Le Parti libéral du Canada tourne son attention vers la firme d'enquêtes et de vérifications d'Ottawa BMCI pour trouver des réponses dans l'affaire Jaffer-Guergis.

Cette firme, qui est située à côté de celle fondée par Rahim Jaffer sur la rue Queen, dans la capitale nationale, emploie le partenaire d'affaires de M. Jaffer, un ancien fonctionnaire et ex-candidat conservateur dans la circonscription d'Ottawa-Vanier, Patrick Glémaud.

En 2008, le gouvernement Harper avait retenu les services de BMCI pour mener une vérification dans deux affaires importantes qui l'avaient ébranlé: l'affaire Bernier-Couillard et l'affaire du «Naftagate», lorsque des confidences de l'ancien chef de cabinet de Stephen Harper sur l'Accord de libre-échange nord-américain l'avaient mis dans l'eau chaude.

Dans les deux cas, le gouvernement avait été blanchi.

À la période des questions à la Chambre des communes mardi, la députée libérale Anita Neville a fait de l'ironie en demandant au gouvernement d'expliquer pourquoi il n'avait pas recours aux services de BCMI pour faire la lumière dans l'affaire Helena Guergis.

Le collègue libéral de Mme Neville, Mark Holland, a quant à lui noté que bien que ni Rahim Jaffer, ni Patrick Glémaud ne sont inscrits au registre canadien des lobbyistes, BCMI avait vu sa part de contrats fédéraux augmenter au cours des dernières années.

«C'est un peu tiré par les cheveux!» a réagi le ministre des Transports, John Baird.

Le premier ministre Stephen Harper a annoncé vendredi dernier qu'après avoir entendu des «allégations sérieuses» à l'endroit de Mme Guergis, qu'il avait référé le dossier à la GRC et au commissaire à l'éthique pour enquête, qu'il avait accepté sa démission du poste de ministre d'État responsable de la condition féminine et qu'elle avait été exclue du caucus conservateur.

M. Harper n'a pas voulu divulguer la nature de ces allégations et il fait face depuis aux assauts répétés des partis de l'opposition pour qu'il clarifie la situation.

Quant au mari d'Helena Guergis, Rahim Jaffer, il a perdu son siège de député en Alberta lors des dernières élections, en 2008, aux mains du NPD. Il est dans l'eau chaude depuis qu'il s'est fait arrêter pour possession de cocaïne et conduite avec facultés affaiblies, en septembre dernier. Il a depuis plaidé coupable à une accusation réduite de conduite dangereuse. Il a été condamné à 500 $ d'amende.

Un article publié dans le Toronto Star la semaine dernière a relaté la soirée passée par M. Jaffer à Toronto avant son arrestation, en compagnie des fréquentations douteuses à qui il aurait fait miroiter un accès privilégié au bureau du premier ministre et la possibilité pour sa compagnie de consultants, Green Power Generation Corp., d'avoir accès à un fonds gouvernemental vert.

L'une de ces fréquentations, Nazim Gillani, qui a depuis été arrêté pour fraude et qui se serait déjà vanté d'agir comme banquier pour les Hell's Angels, a aussi déjà soupé avec Helena Guergis, selon un porte-parole de M. Gillani.

C'est la deuxième fois que des allégations sur des liens entre un ministre et des membres du crime organisé vient hanter le gouvernement Harper. La première fois, c'était lorsqu'il avait été découvert que Julie Couillard, la petite amie de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier, avait eu des liens étroits avec des membres des Hell's Angels. M. Bernier avait démissionné après avoir admis avoir oublié des documents gouvernementaux secrets chez elle.