La toute nouvelle tentative du gouvernement Harper de durcir la loi pour les jeunes contrevenants est, encore une fois, bien mal accueillie au Québec.

Il y a environ un mois, le ministre fédéral de la Justice Rob Nicholson déposait le projet de loi qu'il a tenu à baptiser «Loi de Sébastien», en souvenir de Sébastien Lacasse assassiné par un jeune de 17 ans, en 2004, à Laval.

La référence à une victime québécoise ne semble pas pour autant avoir convaincu les organismes québécois d'appuyer la mesure. Jeudi, quatre groupes se concertaient pour émettre, le même jour, leurs inquiétudes face au projet de loi C-4.

L'Association québécoise plaidoyer-victimes, déplorait ainsi dans un communiqué «que le gouvernement actuel instrumentalise les victimes avec ce projet de loi» qu'elle voit comme «un retour en arrière».

«Ce projet de loi dit, selon la gravité de l'acte, qu'un enfant pourrait être traité de la même façon qu'un adulte. Pour nous, c'est un non-sens», a déclaré en entrevue téléphonique le bâtonnier du Québec, Pierre Chagnon.

Le comité en droit de la jeunesse du Barreau du Québec dénonce le fait que la réhabilitation et la réadaptation sociale sont reléguées au second plan par le projet de loi.

Bien que le Barreau, lui, n'ait pas encore pris position officiellement, il réclame le droit d'être entendu par le comité parlementaire qui étudiera, éventuellement, C-4. Les trois autres associations québécoises font la même demande.

Si elle est entendue par le comité, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse y fera valoir que les dispositions de C-4 vont à l'encontre de la Convention relative aux droits de l'enfant des Nations Unies, convention que le Canada a ratifiée.

Et la Commission se montre prête à se battre, y compris devant les tribunaux. «Toute mesure qui contribuerait à assurer le respect des droits des jeunes, je pense qu'on n'hésitera pas à le faire», a affirmé sa vice-présidente Sylvie Godin, en entrevue téléphonique.

De son côté, le ROJAQ, Regroupement des organismes de justice alternative du Québec, conteste, entre autres, l'argument que ce projet de loi protègerait mieux le public.

A ces sorties, il faut ajouter aussi celle de l'Association des centres jeunesse du Québec qui faisait connaître son opposition au projet de loi dès le surlendemain de son dépôt.

La mesure propose, entre autres, d'envoyer plus facilement un jeune en prison et de tenir compte de tous ses antécédents, y compris les délits mineurs, pour imposer une sentence. Si elle est adoptée, il serait plus facile de juger un mineur comme un adulte.

Le Bloc québécois s'apprête, comme pour la version antérieure - celle de 2007 - à s'opposer à C-4, «à moins qu'ils (les conservateurs) n'apportent des modifications», explique Serge Ménard, critique en matière de justice du Bloc.

Les bloquistes, tout comme les néo-démocrates ont déjà fait savoir cependant qu'ils voteraient en faveur de l'envoi du projet de loi en comité parlementaire afin qu'il y soit étudié, «étudié comme il faut», disent les néo-démocrates.