Le gouvernement Harper est revenu à la charge, jeudi, avec son projet de loi pour augmenter le nombre de députés fédéraux dans trois provinces de l'Ouest afin de mieux refléter leur croissance démographique des dernières années.

Le projet de loi, qui n'en est pas à sa première version, a été modifié pour répondre aux critiques venant de l'Ontario mais pas à celles du Québec. Ainsi, l'Ontario aurait 18 sièges de plus, la Colombie-Britannique en compterait sept et l'Alberta, cinq.

Mais ces ajouts diminueraient la proportion des députés québécois aux Communes.

Même si au Québec la première mouture du projet de loi du gouvernement conservateur en ce sens avait été décriée, aucun siège supplémentaire n'est prévu pour la province, qui en compte pour l'instant 75.

Selon le député conservateur Steven Blaney, envoyé aux barricades pour expliquer la décision de son gouvernement, les Québécois accepteront la nouvelle donne parce qu'ils sont des démocrates et comprennent qu'il est injuste de donner un plus gros poids au Québec que celui de sa démographie.

«Et présentement, au sein de la Chambre des communes, il y a un déficit démocratique pour des régions qui sont sous-représentées», a-t-il plaidé en point de presse jeudi midi.

M. Blaney a fait valoir, tout comme son collègue Christian Paradis l'avait fait dans le passé et l'a répété jeudi après-midi, que les Québécois pourraient changer cet état de fait en ayant plus d'enfants.

«Je pense qu'il faut encourager la relève (...) Manque d'enfants, manque d'immigrants», a expliqué le lieutenant politique du premier ministre quant à la situation dans la province.

Mais selon le Bloc québécois, cette nouvelle tentative du gouvernement de modifier la composition de la Chambre des communes n'est rien de plus qu'un stratagème politique.

«Comme le Bloc québécois a obtenu six majorités au Québec et que les conservateurs sont incapables d'obtenir un gouvernement majoritaire, le seul moyen qu'ils ont trouvé, c'est d'augmenter le nombre de sièges à l'ouest du Québec. Cette réforme n'est rien d'autre qu'une manoeuvre partisane au détriment de la nation québécoise», a lancé la bloquiste Claude DeBellefeuille, lors de la période des questions.

Son chef, Gilles Duceppe, a quant à lui rappelé l'adoption unanime par l'Assemblée nationale d'une motion demandant au gouvernement fédéral de renoncer à tout projet de loi qui aurait pour effet de diminuer le poids relatif du Québec aux Communes.

«Or ceux qui siègent ici, qui viennent du Québec, et qui vont à l'encontre de la volonté unanime de l'instance suprême de la nation québécoise, trahissent simplement leur nation», a scandé le leader souverainiste, à sa sortie de la Chambre.

Mais selon les autres partis d'opposition, le statut de nation accordé par le fédéral à la province québécoise ne lui assure pas pour autant de droits particuliers.

«Je ne vois pas nécessairement la connexion automatique (...) En général je dois dire qu'on doit reconnaître un principe démocratique, c'est le principe de reconnaître les normes de la population», a répliqué le libéral, Bob Rae.

«C'est une considération», a pour sa part estimé le leader du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton, qui n'a pas rejeté l'idée d'ajouter davantage de sièges au Québec. Pour le moment, le NPD souhaite cependant envoyer le projet de loi devant un comité, qui tentera de dénouer le différend.

De passage à Montréal, le premier ministre du Québec, Jean Charest, a quant à lui refusé de commenter la nouvelle tentative des conservateurs.

Si le projet de loi est adopté, le nombre de députés fédéraux augmenterait d'environ 10 pour cent pour passer de 308 à 338.

Le Québec compte pour l'instant 24,3 pour cent des sièges des Communes, mais cette part chuterait à 22,2 pour cent en vertu des changements proposés par les conservateurs.