À cause de la popularité du Bloc au Québec, Stephen Harper n'obtiendra pas un gouvernement majoritaire aux prochaines élections, prédit son mentor politique Tom Flanagan.

«On doit prédire un autre gouvernement conservateur minoritaire. Si le Bloc garde ses sièges, je ne vois pas comment on peut avoir un gouvernement majoritaire. La meilleure chance des conservateurs, ou de n'importe quel parti, viendra de l'ajout d'une trentaine de sièges à la carte électorale en 2014 pour refléter les variations de population à la suite du recensement de 2011. Ces nouveaux sièges seront tous en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique», dit le professeur de sciences politiques de l'Université de Calgary, en entrevue à La Presse.

 

Tom Flanagan croit que le Parti conservateur du Canada aura de la difficulté à gagner de nouveaux sièges au Québec. «Les conservateurs doivent continuer d'essayer, mais je ne vois pas d'indice qu'ils puissent faire des gains. La campagne de 2008 a montré que les appuis conservateurs au Québec étaient fragiles. Le Bloc a bien joué la carte des coupes dans les programmes culturels, même si c'était de la bullshit. Charest n'a pas aidé en s'ingérant dans la campagne. Je ne sais pas pourquoi il fait ça. Ce n'est pas dans son intérêt d'emmerder le premier ministre du Canada, mais il continue de le faire.»

Des promesses pour le Québec

Pour que Stephen Harper gagne de nouveaux sièges au Québec, Tom Flanagan croit que le premier ministre devra promettre d'accorder au Québec un droit de retrait avec compensation financière sur les nouveaux programmes sociaux fédéraux. «C'est la seule promesse majeure au Québec qui n'a pas été réalisée. Les Québécois connaissent Stephen Harper et ses réalisations, mais ça ne semble pas augmenter ses appuis au Québec. Je ne veux pas les insulter, mais j'ai l'impression que les électeurs québécois ont une relation différente avec le Canada que les autres électeurs. Ils voient le Canada comme une source de bénéfices.»

Tom Flanagan s'inquiète de la tenue du gouvernement depuis le début de l'année. «Il y a eu plusieurs cas de mauvaise gestion politique. La prorogation du Parlement a été mal communiquée au public, le gouvernement aurait dû nommer l'ancien juge Frank Iacobucci dans le dossier des détenus afghans l'automne dernier, il a changé d'idée sur le dossier de l'hymne national et sur celui de l'accès à la contraception dans les pays en développement. Ces changements de politiques ne sont pas caractéristiques de Harper, qui est un homme de décisions. C'est peut-être une affaire de personnel politique, mais c'est quelque chose que les conservateurs doivent régler», dit Tom Flanagan, qui a donné hier soir une conférence à Montréal à l'invitation de l'Institut Fraser.