Après avoir perdu un vote mardi soir à cause de la division dans leurs propres rangs, les libéraux fédéraux ne montraient toujours pas un front uni, mercredi, quant aux conséquences que devraient subir ceux qui n'ont pas respecté la ligne de parti.

Le vote portait sur une motion libérale, présentée à l'occasion de la journée d'opposition du parti, qui enjoignait le gouvernement Harper à inclure dans la nouvelle initiative du G8 «tout l'éventail des options de planification familiale», notamment le financement de la contraception et des avortements pour les femmes dans les pays en voie de développement.

Mais alors que le Parti libéral a pu compter sur l'appui des bloquistes et des néo-démocrates, ses propres députés ont empêché la motion d'être adoptée, par six voix.

Trois libéraux (John McKay, Dan McTeague et Paul Szabo) se sont levés pour voter contre la motion de leur propre parti, tandis qu'un autre s'est abstenu et une douzaine ont choisi de ne pas se présenter en Chambre, exprès.

Parmi ces absents, Joe Volpe, qui se range dans le camp pro-vie, a déclaré à son arrivée au caucus du parti, mercredi matin, que «c'était la bonne fois pour être absent».

À sa sortie de la réunion hebdomadaire avec ses troupes, le chef libéral, Michael Ignatieff, n'a pas caché sa déception.

«Vous n'avez pas devant vous un chef content du résultat», a-t-il reconnu, tout en disant respecter les différences d'opinion qui cohabitent au sein de ses troupes.

Tentant tant bien que mal de dissiper la situation embarrassante dans laquelle s'est retrouvé son parti, à l'issue de ce vote, M. Ignatieff a toutefois martelé que la position de son organisation sur la question était claire, puisqu'il défend les droits reproductifs des femmes depuis des années.

«C'est nous qui avons poussé le gouvernement à nous révéler qu'ils n'ont aucune politique claire sur cette question (...) Vous essayez de dire que le sujet c'est moi, je suggère que le sujet c'est la position de M. Harper», a-t-il avancé.

Alors que chez les conservateurs on étalait sa joie -l'un d'entre eux affirmant au sujet du vote que «c'était super»-, chez les libéraux, on discutait de la possibilité de punir les députés qui ont saboté la stratégie de leur chef.

Trop tôt, par contre, pour savoir quelles mesures pourraient être entreprises par le leader. M. Ignatieff a insisté qu'il s'agissait d'une «question de régie interne», qui sera réglée «de façon interne».

Si certains, comme la députée de Brossard/La Prairie, Alexandra Mendes, estiment que ces députés devraient être sanctionnés pour ne pas avoir respecté les valeurs fondamentales du Parti libéral du Canada, d'autres, comme l'élue de Laval, Raymonde Folco, estiment qu'on ne peut punir un député qui vote selon sa conscience.

La plupart était cependant d'accord pour dire qu'ils étaient déçus du résultat du vote.

Pour sa part, Denis Coderre estime qu'on aurait dû prévoir l'issue de la stratégie et mieux faire les calculs.

«Pour moi ce n'est pas une question de discipline, c'est une question de calculatrice», a-t-il estimé.

La présence au sein de ses troupes d'une douzaine de libéraux qui s'opposent au droit à l'avortement est connue de longue date.

À leur entrée au caucus, deux des dissidents, MM. Szabo et McTeague, se sont faufilés par une porte de côté qui n'est pas accessible aux journalistes. À sa sortie du vote, mardi soir, M. Szabo a expliqué qu'en tant que membre pro-vie du Parlement, il avait exercé son droit sur cette question morale en se fiant à sa conscience.

Si les conservateurs étaient bavards au moment de commenter les dissensions dans le caucus libéral, ils se sont faits plus discrets lorsque questionnés sur leur propre appui à un financement de la contraception et de l'avortement.

«Franchement, amener l'avortement (dans le débat), c'est fait purement pour des raisons politiques, pour déclencher un débat national sur cette question qui entraîne la division. Pas pour améliorer la santé des mères et des enfants», a rétorqué le conservateur James Rajotte, qui a refusé d'indiquer s'il appuierait ou non le financement de telles mesures.