La ministre des Travaux publics, Rona Ambrose, juge «exagérées» les factures soumises par une entreprise québécoise pour la gestion d'un immeuble du gouvernement fédéral à Gatineau et a ordonné une vérification interne.

À l'instar de certains de ses collègues du cabinet, la ministre Ambrose a aussi fait porter la responsabilité de ces factures - 2000$ pour acheter deux plantes vertes, 1000$ pour l'installation d'une sonnette et 1000$ pour enlever un interrupteur, par exemple - sur les fonctionnaires du ministère des Travaux publics.La Presse  a fait état mercredi du fait que le gouvernement fédéral a accordé en 2004 un contrat de plusieurs milliards de dollars à Profac, filiale de SNC-Lavalin, afin de gérer 320 immeubles fédéraux au Canada. Profac a facturé des frais astronomiques depuis deux ans pour la gestion de Portage III, un complexe de trois tours dans lequel sont situés les bureaux du ministère des Travaux publics.

«Ces dépenses sont clairement exagérées. Ces contrats ne sont pas accordés par le bureau du ministre. Ces dépenses n'ont pas été approuvées par moi ou par tout autre ministre du gouvernement. Ces contrats sont approuvés par le Ministère», a dit Mme Ambrose.

Le contrat, accordé à Profac alors que les libéraux étaient au pouvoir, devait se terminer en juin 2009. Mais il a été prolongé jusqu'en 2011 sous le gouvernement Harper et de nouveau, tout récemment, jusqu'en 2013. S'il est reconduit jusqu'en 2015, le contrat aura coûté 6 milliards de dollars aux contribuables.

Aux Communes, le premier ministre Stephen Harper a reconnu que «certaines de ces dépenses ne semblent pas justifiables» et affirmé que les factures seront examinées «pour nous assurer que l'argent des contribuables soit utilisé d'une façon responsable et efficace».

Selon ce qu'a appris La Presse, la vérificatrice générale, Sheila Fraser, évalue la possibilité d'enquêter sur cette affaire, qui a eu l'effet d'une bombe à Ottawa, mercredi.

Ces révélations surviennent au moment même où le gouvernement Harper tente d'éliminer un déficit de 56 milliards de dollars et prévient les Canadiens qu'une période d'austérité de cinq ans sera nécessaire pour en venir à bout.

Les partis de l'opposition en ont profit pour attaquer la crédibilité du gouvernement conservateur à titre de gestionnaire de l'argent des contribuables: «Vous avez un gouvernement qui nous dit qu'il faut se serrer la ceinture, qu'il faut faire le ménage comme un bon père de famille, comme les familles font le ménage dans leur budget. Regardez comment ils font le ménage. Ils paient 1000 piastres pour changer une lumière ou une sonnette. (...) Et là ils viennent faire la morale au monde. C'est incroyable», a dit le chef bloquiste, Gilles Duceppe.

 

Avec la collaboration de William Leclerc