Le gouvernement Harper a entendu l'appel des athlètes d'élite à la suite de leurs performances historiques aux Jeux olympiques de Vancouver. Le ministre des Finances, Jim Flaherty, confirmera jeudi dans son budget qu'Ottawa allouera les 11 millions de dollars qui manquent pour maintenir le programme À nous le podium.

Désireux de bâtir sur les succès des derniers Jeux d'hiver, le gouvernement Harper a décidé de réinvestir dans ce programme malgré la période d'austérité budgétaire qui s'amorce, ont confirmé mardi à La Presse des sources sûres.

À Vancouver, les athlètes canadiens ont remporté en tout 26 médailles, dont 14 d'or, un record à des Jeux olympiques d'hiver. Sans financement adéquat, il serait difficile, selon les entraîneurs et les athlètes, de répéter un tel exploit aux prochains Jeux d'hiver, qui auront lieu à Sotchi, en Russie, en 2014.

Ottawa doublera donc sa contribution annuelle pour soutenir les athlètes canadiens. Elle passera de 11 à 22 millions de dollars. «Les athlètes canadiens ont eu de très bonnes performances pour leur pays. Nous devons en faire autant pour eux, maintenant», a indiqué mardi soir une source conservatrice sous le couvert de l'anonymat.

Secteur privé

En privé, on souhaite que cette décision encourage le secteur privé à se montrer encore plus généreux à l'égard des athlètes d'élite.

Les diverses organisations sportives du pays et les athlètes n'avaient pas attendu la fin des Jeux de Vancouver pour exprimer leurs craintes de voir une partie du financement public disparaître après la fin des compétitions.

Le programme À nous le podium a été créé en 2005 en prévision des Jeux de Vancouver. Le gouvernement fédéral a financé la moitié des 110 millions de dollars qu'il a coûté. Le reste a été fourni par les gouvernements provinciaux et par le secteur privé, par l'entremise du Comité organisateur des Jeux de Vancouver (COVAN). Mais cette dernière contribution a pris fin maintenant que l'aventure de Vancouver est terminée.

Le Comité olympique canadien souhaitait qu'Ottawa comble le manque à gagner, mais le ministre d'État aux Sports, Gary Lunn, s'était montré peu ouvert à cette idée. Dans une entrevue accordée à un quotidien torontois, il avait affirmé que le gouvernement fédéral ne pouvait venir à la rescousse de tout le monde en cette période de restrictions budgétaires.

Le gouvernement conservateur se serait attiré les foudres des athlètes, des partis de l'opposition aux Communes et de nombreux Canadiens s'il avait refusé de combler le manque à gagner. Déjà, le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, avait affirmé lundi qu'il serait indécent de ne pas donner suite à la demande des athlètes compte tenu du budget d'Ottawa, qui frise les 240 milliards de dollars annuellement.

«Ces athlètes sont une source d'inspiration pour tout le monde au pays. Et ce n'est pas un investissement colossal. Je comprends que nous sommes dans une situation budgétaire difficile. Mais quand même. Dégourdissons-nous un peu. Cela n'a pas de sens», avait notamment affirmé M. Ignatieff.

Discours du Trône

Avant d'annoncer cette bonne nouvelle dans son budget, demain, le gouvernement Harper expliquera aujourd'hui les grandes lignes de ses intentions pour les prochains mois dans un nouveau discours du Trône qui sera lu au Sénat par la gouverneure générale, Michaëlle Jean.

Le gouvernement Harper compte profiter de ce discours pour faire le point sur les mesures destinées à relancer l'économie canadienne. Dans le cadre de ce plan de 2 ans, 19 milliards de dollars doivent être dépensés cette année dans divers projets d'infrastructures. Il compte aussi expliquer aux Canadiens qu'ils doivent s'attendre à une période d'austérité d'au moins 5 ans pour éliminer le déficit record de 56 milliards de dollars en 2009-2010.

Cette lutte contre le déficit devra se faire, selon les stratèges conservateurs, de manière à ne pas compromettre la reprise économique qui se manifeste à l'horizon depuis quelques semaines.

Ce discours, intitulé Un Canada plus fort. Une économie plus forte. Maintenant et pour l'avenir, abordera aussi les dossiers importants tels que l'innovation pour créer les emplois et les industries de l'avenir, la lutte contre le crime et la place du Canada dans un monde en pleine évolution.