La réponse du Canada au séisme en Haïti n'aurait pas pu être la même sans les investissements massifs qu'a faits le gouvernement conservateur dans les Forces armées à son arrivée au pouvoir.

De passage à Léogâne, où est concentrée une partie importante des effectifs canadiens en Haïti, le premier ministre Stephen Harper a tenu à justifier ses dépenses militaires des dernières années.

 

«Le Canada a maintenant un atout considérable: une flotte de C-17, a souligné le premier ministre devant une centaine de soldats, la plupart du Royal 22e régiment de Valcartier, à Québec. Grâce à cet avion polyvalent, le Canada n'a plus à faire du pouce pour être déployé à l'étranger.»

En 2007, le gouvernement Harper a fait l'acquisition de quatre immenses avions militaires au coût total de 1,8 milliard$, dont l'entretien coûtera en outre 1,6 milliard$ en 20 ans.

«À une certaine époque, ces avions C-17 ne correspondaient pas à la politique de 'puissance douce' du Canada», a ajouté M.Harper, dans une attaque directe aux gouvernements libéraux qui l'ont précédé.

Or, son gouvernement, a-t-il dit, «les a achetés pour répondre aux besoins de la dure réalité du monde moderne».

«La planète entière a pu constater que le Canada est maintenant un acteur majeur lorsque vient le temps d'intervenir dans des catastrophes naturelles», a-t-il souligné, sur un podium installé devant un bâtiment en ruine.

Ce sont ces appareils qui ont permis de déployer rapidement des centaines de militaires canadiens peu de temps après le séisme dévastateur du 12janvier dernier, a rappelé M.Harper.

Relations publiques

Au dernier jour de sa courte visite en Haïti, le premier ministre a fait essentiellement une journée de relations publiques. Il a visité les sites où travaillent les militaires canadiens et posé avec les soldats, se tenant proche des caméras, mais loin des journalistes qui l'accompagnaient.

À Jacmel, la ville natale de la gouverneure générale, Michaëlle Jean, M.Harper a rendu visite aux militaires membres de l'Équipe d'intervention en cas de catastrophe, le DART, qui s'affairent toujours, un mois après le séisme, à soigner les Haïtiens qui se présentent à la clinique installée dans le port.

Les fractures, les traumatismes graves et les plaies ouvertes ont laissé place aux interventions mineures comme la réhydratation ou les changements de pansement, mais les militaires traitent encore quelque 250 cas par jour.

D'autres soldats construisent des latrines temporaires pour les camps de déplacés. Déjà 30 des 90 installations prévues sont terminées. En outre, le premier ministre a pu goûter lui-même l'eau purifiée par les systèmes d'osmose inversée des Forces armées canadiennes, et il en a approuvé la qualité.

Puis, le premier ministre s'est rendu en hélicoptère à Léogâne, ville de 130000 habitants qui a été démolie à plus de 80%. Du haut des airs comme en voiture, M.Harper a pu constater l'ampleur de la dévastation.

Dans certaines rues, au coeur de la ville, rien ne semble avoir tenu le coup. À côté du siège de l'état civil, complètement effondré, la mairie de Léogâne tient à peine debout.

Au lycée Anacaona, les militaires canadiens démolissent à coups de pelle mécanique le peu qui reste des pavillons où des centaines d'adolescents suivaient des cours avant le séisme. Heureusement, personne n'y est mort l'après-midi du 12janvier, selon le professeur suppléant Jean-Louis Vanel, qui enseigne le français et le créole. «En Haïti, on n'apprend pas aux enfants ce qu'est un tremblement de terre. Personne ne savait ce qui se passait», a-t-il raconté.

Le premier ministre s'est ensuite rendu à l'hôpital de campagne dirigé par les Canadiens à Léogâne, opérationnel depuis le 29janvier. Déjà, plus 2000 patients y ont été traités dans des installations à la fine pointe de la technologie, dont deux salles d'opération où travaillent quatre chirurgiens. Puis il s'est adressé aux militaires.

«Ce désastre naturel a été soudain et il a causé des dommages épouvantables. Les Haïtiens étaient pourtant déjà assez éprouvés. Et maintenant, ils ont perdu le peu qu'il leur restait», a déploré le premier ministre Harper dans son discours.