L'appui du Bloc québécois et du Parti libéral à la proposition du Nouveau Parti démocratique de faire modifier la loi afin d'empêcher la prorogation du Parlement par le gouvernement quand bon lui semble est loin d'être gagnée.

Lors de la manifestation contre la suspension des travaux parlementaires qui avait lieu samedi à Montréal, à laquelle participaient plusieurs centaines de personnes, Gilles Duceppe n'a pas voulu annoncer ses couleurs quant à l'idée de légiférer sur la question de la prorogation. Il a affirmé que son parti était prêt à étudier la proposition mais il voulait en voir toutes les implications.

Selon M. Duceppe, il aurait été important que les députés soient au Parlement afin de faire des propositions concrètes pour améliorer le processus d'immigration des Haïtiens.

Le député libéral de Westmount-Ville Marie, Marc Garneau, a quant à lui fait écho aux propos de son chef, Michael Ignatieff, réitérant que la préférance des libéraux était de faire usage de la prorogation de «manière mature».

M. Garneau a ajouté que la décision sera prise par le parti mais M. Ignatieff a déjà affirmé qu'une telle proposition n'était pas nécessaire.

Le député néo-démocrate d'Outremont, Thomas Mulcair, a relancé l'idée de son chef, Jack Layton, lorsqu'il a pris la parole devant la foule. Il a proposé de changer les règles au Parlement en prévoyant que dorénavant, cela prend un vote du Parlement lui-même pour proroger.

Le volet montréalais de la manifestation, organisée dans les quatre coins du pays par le Mouvement des Canadiens contre la prorogation du parlement, a débuté à 11h au Parc Emilie-Gamelin. Scandant des sloggans tels que «Harper, tu mens, on veux notre Parlement» ou «Harper, c'a suffit, on veut notre démocratie», les manifestants se sont lentement déplacés au Carré Phillips, où plusieurs personnes ont par la suite pris la parole.

En plus de M. Mulcair, M. Duceppe et M. Garneau, le député libéral de Papineau, Justin Trudeau, le député du Bloc québécois de Rosement-Petite-Patrie, Bernard Bigras et le chef adjoint du Parti vert, Jacques Rivard étaient présents à l'événement. Le professeur de philosophie de l'Université de Montréal qui est l'auteur d'une lettre signée par plus de 100 intellectuels pour dénoncer la prorogation du Parlement, Daniel Weinstock, a soutenu qu'il ne fallait pas laisser une tel chose arriver à nouveau.

Les colorées Mémés Déchaînées ont réchauffé la foule en interprétrant quelques chansons de leur cru. «Au Canada y'a un dictateur qui nous méprise», ont entonné ce groupe de femmes agées, ajoutant «le premier, on ne sait pas ce qu'il brette».