Pour venir en aide à la population d'Haïti après le tremblement de terre foudroyant d'mardi, le gouvernement fédéral envisage d'y déployer son équipe d'intervention en cas de catastrophe, le DART.

L'ensemble de la classe politique, à Ottawa comme à Québec, a exprimé mardi son appui à Haïti et présenté ses condoléances aux familles touchées.

Dans un point de presse convoqué d'urgence en soirée, le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a indiqué qu'il avait réussi à communiquer avec l'ambassadeur du Canada en Haïti, Gilles Rivard, et que tout le personnel, aux dernières nouvelles, était sain et sauf.

«Au moment où je vous parle, avec l'information préliminaire dont nous disposons, nous n'avons pas d'indication que des Canadiens ont été touchés par l'incident», a souligné M. Cannon peu avant 20 h, ajoutant qu'il était encore très tôt et que l'information arrivait au compte-gouttes.

Plus tard en soirée, le ministre Cannon a précisé qu'il ferait une mise à jour de la situation à 7 h 30 ce matin.

Pressé de questions, le ministre a aussi indiqué qu'il évaluait, en collaboration avec le ministre de la Défense nationale, Peter MacKay, la possibilité de déployer une unité militaire d'urgence.

«Les Forces canadiennes et les gens du ministère des Affaires étrangères sont à faire l'évaluation des équipements. Nous sommes en ce moment à la collecte de données. On doit aussi avoir une meilleure appréciation de ce qui se déroule sur le terrain, de ce que cette situation épouvantable a pu produire. Nous prendrons ensuite les décisions requises avec la rapidité nécessaire», a dit M. Cannon.

L'équipe d'intervention en cas de catastrophe (ou DART), formée d'environ 200 militaires, a pour mission de se déplacer en un temps très court sur les lieux d'un désastre.

«Les militaires peuvent se déployer avant d'autres équipes de secours, a expliqué la capitaine Josée Bilodeau, des Forces canadiennes. En tout premier lieu, une équipe de reconnaissance est en mesure de se déployer à 12 heures d'avis. Puis, une seconde équipe plus grosse se déploie dans une période de 24 à 48 heures après en avoir reçu la demande. Enfin, le corps principal du DART est dépêché dans les 48 heures et plus, selon l'évaluation faite au préalable sur le terrain.»

Une fois sur place, cette équipe est en mesure de fournir une aide médicale et humanitaire. Elle est aussi en possession de systèmes de purification d'eau par osmose inversée. Il s'agit d'une énorme machine capable de transformer de l'eau contaminée en eau potable.

La dernière fois que le DART s'est déployé, c'était dans le cadre de l'opération Plateau, en octobre 2005, au Pakistan. Le pays avait alors été secoué par un violent tremblement de terre. Les Canadiens avaient alors purifié 3,8 millions de litres d'eau, distribué des tonnes de matériel médical et sanitaire et étaient venus en aide à plus de 10 000 personnes.

Lors du tsunami dévastateur de 2004 en Asie du Sud-Est, Ottawa avait été vivement critiqué pour ne pas avoir déployé la DART plus tôt.

«J'espère que le gouvernement fédéral a tiré des leçons du tsunami, a souligné mardi le député néo-démocrate Paul Dewar. Haïti est un pays qui a tant souffert de la pauvreté endémique et de l'agitation politique, le reste de la planète ne peut pas se permettre de ne rien faire.»

Même son de cloche du député libéral Denis Coderre, ancien conseiller spécial de Paul Martin pour Haïti. «S'il y a besoin, il ne faut pas attendre pour déployer le DART», a-t-il dit.

Environ 6000 ressortissants canadiens vivent actuellement en Haïti, selon l'estimation du ministre des Affaires étrangères. Seuls 700 sont toutefois inscrits sur la liste volontaire de l'ambassade canadienne de Port-au-Prince.

Dans un communiqué de presse, en soirée, la gouverneure générale, Michaëlle Jean, elle-même d'origine haïtienne, a exprimé son inquiétude face à la situation : «Je tiens à ce que les Haïtiens sachent qu'ils ne sont pas seuls et que la population canadienne saura répondre devant l'urgence», a-t-elle dit. Haïti est le deuxième bénéficiaire en importance de l'aide canadienne au développement.

Le premier ministre du Québec, Jean Charest, a aussi publié un communiqué pour exprimer sa «profonde sympathie au peuple haïtien ainsi qu'aux membres de la communauté haïtienne vivant au Québec».