Les projecteurs du monde entier seront braqués comme jamais sur le Canada en 2010. Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, croit que la prochaine année constitue une occasion en or pour le Canada de briller sur la scène internationale... à la maison.

D'abord, le Canada accueillera les meilleurs athlètes à Vancouver à l'occasion des Jeux olympiques qui auront lieu du 12 au 28 février. La tenue de ces Jeux sera évidemment un test important au point de vue de l'organisation et de la sécurité en cette ère de lutte contre le terrorisme dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.

En mars, le ministre Cannon rencontrera ses homologues des Affaires étrangères des pays membres du G8 (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Canada et Russie) à Gatineau.

En mars également, le ministre des Finances, Jim Flaherty, tiendra une rencontre au sommet avec ses homologues du G8 à Iqaluit, dans le Nord canadien, une façon diplomatique de faire comprendre à certains pays (la Russie et les États-Unis en particulier) que le Canada a des intérêts dans l'Arctique et compte les défendre avec force.

Ces deux rencontres doivent permettre de préparer la tenue du sommet du G8 à Muskoka, en Ontario. Le premier ministre Stephen Harper accueillera les dirigeants des pays du G8 du 25 au 27 juin.

Tout de suite après, le premier ministre Harper et son homologue sud-coréen, le président Lee Myung-bak, coprésideront le sommet du G20 à Toronto. Un deuxième sommet du G20 (qui comprend la Chine, l'Inde, les États-Unis, la Russie, le Mexique, l'Afrique du Sud, la France, entre autres pays) aura lieu à Séoul en novembre.

L'un des sujets dominants prévus à l'ordre du jour de ces deux sommets sera l'état de santé de l'économie mondiale, alors que des signes de reprise se manifestent au Canada et aux États-Unis.

De toute son histoire, le Canada n'aura jamais accueilli autant de manifestations internationales

importantes en l'espace de six mois. «Le Canada va briller sur la scène internationale en 2010. Les projecteurs seront fixés sur le Canada. Je pense que ce sont de bonnes nouvelles pour les Canadiens. C'est une source de fierté nationale de voir que le monde entier aura les yeux braqués sur le Canada pour des décisions qui vont affecter une bonne partie de l'humanité», a affirmé le ministre Cannon dans une entrevue accordée à La Presse.

En 2009, le ministre Cannon estime que le Canada a su tirer son épingle du jeu sur plusieurs fronts. D'abord, l'arrivée d'un nouvel homme fort à la Maison-Blanche a permis de donner un nouveau souffle aux relations canado-américaines.

La décision de Barack Obama de faire au Canada la toute première visite à l'étranger de sa présidence, en février dernier, a de nouveau confirmé l'importance des relations entre les deux pays. Si certains analystes prédisaient des relations tendues entre Stephen Harper et Barack Obama, ils se sont mis le doigt dans l'oeil, selon M. Cannon.

«Des commentateurs disaient qu'entre M. Harper et M. Obama, il n'y aurait pas une bonne chimie parce qu'ils sont aux antipodes sur le plan idéologique. Rien n'est plus faux. Je pense que ces deux hommes, ils sont comme deux larrons en foire. Ils s'entendent merveilleusement bien», a affirmé le responsable de la diplomatie canadienne.

Selon M. Cannon, le Canada a aussi réussi à endiguer la montée du protectionnisme en affirmant sur toutes les tribunes importantes, notamment au sommet du G8 en Italie et aux sommets du G20 à Londres et à Pittsburgh, que cela serait la pire des recettes pour relancer l'économie mondiale. Mieux encore, le Canada a pu inviter les autres pays à suivre son modèle de régulation du secteur financier et bancaire.

«Le Canada a joué un rôle déterminant parce que nous sommes en très bonne position en raison de notre faible niveau d'endettement et de notre faible taux d'imposition. Nous sommes une figure de proue sur le plan de la réglementation de nos institutions bancaires», a-t-il affirmé.

Durant les 12 derniers mois, le Canada a aussi tenté d'augmenter son espace économique en signant des traités de libre-échange avec la Jordanie, le Panama, la Colombie et le Pérou et en entamant des négociations de libre-échange avec l'Union européenne. «L'enjeu dominant durant la dernière année a été effectivement l'économie, tant sur le plan domestique que sur le plan international», a dit M. Cannon en soulignant les visites de nature commerciale du premier ministre en Inde, en Corée du Sud et en Chine cet automne.

Le Canada a toutefois été vertement critiqué à Copenhague, où s'est déroulée pendant deux semaines la conférence des Nations unies sur les changements climatiques. Les groupes environnementaux ont accusé le Canada de nuire aux négociations en refusant de se donner des cibles plus ambitieuses de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre.

Cette conférence a finalement accouché d'un texte qui affirme la nécessité de limiter à 2 °C la hausse de la température d'ici 2050, mais qui ne contient aucune cible contraignante de réduction des émissions de GES pour les pays.

À ce sujet, le ministre Cannon affirme que le Canada a été traité injustement. «L'erreur qui a été commise, ç'a été de ratifier Kyoto sans plan par le gouvernement de Jean Chrétien. Cela a été une décision prise à la hâte», a dit le ministre.

«Je pense qu'il y a beaucoup de relents de ceux qui sont nostalgiques du protocole de Kyoto. Quand on fait le bilan, c'est tout près de 11 milliards de dollars que l'on a consacrés comme gouvernement à l'environnement dans les quatre dernières années. Cela va des transports en commun au dossier de l'énergie renouvelable», a-t-il ajouté.

Il a aussi souligné que le Canada ne peut lutter efficacement contre le réchauffement de la planète sans la participation des États-Unis, qui n'ont jamais ratifié le protocole de Kyoto.

«Les États-Unis sont notre partenaire le plus important. La géopolitique, notre proximité avec les Américains nous forcent à travailler ensemble afin de trouver des solutions pour diminuer les gaz à effet de serre», a-t-il dit.