Le sénateur conservateur Léo Housakos se dit victime d'un complot orchestré par un membre de son propre parti.

La Presse Canadienne a écrit au début de la semaine que M. Housakos était vice-président de la firme d'ingénierie BPR lorsque celle-ci a reçu, avec un consortium, un contrat de 1,4 million de dollars pour analyser l'avenir du pont Champlain.

Deux membres du conseil d'administration de la société d'État responsable de gérer le pont montréalais et des membres haut placés de BPR auraient participé à une activité de financement du Parti conservateur, organisée à Montréal par le sénateur Housakos quatre mois avant l'attribution du contrat à la suite d'un processus d'appel d'offres.

 

Depuis deux jours, les partis de l'opposition multiplient les questions sur ce dossier, tandis que le gouvernement tente tant bien que mal de s'en dissocier.

Nommé sénateur par Stephen Harper il y a moins d'un an et l'un des principaux organisateurs du PC au Québec, M. Housakos a dit n'avoir rien à se reprocher, hier, lors d'un entretien téléphonique avec La Presse. «Il y a quelqu'un qui veut faire une job de bras sur moi», a-t-il lancé d'entrée de jeu.

L'article de La Presse Canadienne comportait en effet des citations anonymes de membres du Parti conservateur qui détaillaient l'implication centrale de l'organisateur dans l'activité de financement du mois de mai dernier.

«C'est quelqu'un de mon propre caucus et je vais m'occuper de lui bientôt», a renchéri le sénateur, sans toutefois donner plus de détails.

Première enquête

M. Housakos a dit avoir demandé au conseiller sénatorial en éthique de se pencher sur la question et il est confiant de se voir blanchir, «comme la première fois», a-t-il indiqué.

C'est la deuxième fois que cet ancien conseiller du maire de Montréal Gérald Tremblay est montré du doigt en moins de deux ans dans le cadre d'une histoire de comportement douteux au gouvernement.

En janvier 2008, une enquête de Radio-Canada et du Globe and Mail avait conclu que lui et l'un de ses proches, l'attaché de presse du premier ministre Harper, Dimitri Soudas, étaient intervenus en faveur d'un promoteur immobilier de Montréal auprès de membres du gouvernement fédéral, alors qu'un litige était en cours entre ce promoteur et Ottawa.

La Commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, Mary Dawson, avait blanchi M. Soudas dans un rapport en juin 2008. Mme Dawson a la responsabilité de veiller à ce que les députés et certains membres du gouvernement respectent les règles du Parlement en la matière. M. Housakos n'était pas sénateur à l'époque et le rapport ne comportait pas de conclusion à son égard.

Cette histoire avait néanmoins ramené au grand jour les rivalités qui existent chez les conservateurs du Québec entre les «vieux bleus», progressistes-conservateurs de l'époque Mulroney, et la frange adéquiste du parti, de laquelle sont issus MM. Soudas et Housakos, deux amis de longue date.

Deuxième enquête

Par ailleurs, la commissaire Dawson a confirmé hier qu'elle analyserait des plaintes reçues par des députés dans un autre dossier: celui des chèques présentés par des députés conservateurs lors d'annonces gouvernementales.

Depuis plus d'une semaine, les partis de l'opposition, libéraux en tête, accusent le gouvernement d'utiliser les fonds publics à des fins partisanes, car certains de ces chèques arborent le logo du parti, voire la signature du député qui fait l'annonce.

Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, est revenu à la charge, hier. «Cinquante-cinq députés conservateurs ont essayé de faire passer 600 millions de dollars des contribuables comme si cet argent appartenait au Parti conservateur, a-t-il dénoncé. Comment le premier ministre peut-il faire croire aux Canadiens qu'il n'est pas responsable lui-même de ce stratagème douteux?»