Le chef du NPD, Jack Layton, montre ses premiers signes d'impatience de l'automne envers le gouvernement minoritaire de Stephen Harper. La source de son irritation: les tentatives des conservateurs de retarder l'adoption d'un projet de loi contraignant dans le dossier des changements climatiques.

M.Layton a décidé de ne pas provoquer la chute du gouvernement conservateur, malgré la volonté des libéraux de Michael Ignatieff de forcer des élections générales cet automne, afin de permettre l'adoption de mesures visant à prolonger les prestations d'assurance emploi jusqu'à 20 semaines pour les travailleurs de longue durée ayant perdu leur emploi. Ces mesures n'ont pas encore été adoptées par les Communes.Mais le leader du NPD avait averti M.Harper que son parti ne lui accorderait pas de chèque en blanc et qu'il faudrait que des progrès soient aussi réalisés dans d'autres secteurs pour que la trêve décrétée par le NPD se poursuive.

Or, les conservateurs tentent de retarder l'adoption du projet de loi C-3111 sur la responsabilité en matière de changements climatiques, parrainé par le NPD, en proposant de poursuivre l'examen de ce projet de loi en comité parlementaire.

Le NPD souhaite que le projet de loi soit adopté par la Chambre des communes avant la tenue de la conférence sur les changements climatiques, à Copenhague, au début du mois de décembre. Un vote crucial sur la motion des conservateurs visant à poursuivre l'étude du projet de loi doit avoir lieu demain aux Communes.

L'issue de ce vote dépendra de la décision des libéraux de Michael Ignatieff. Dans le passé, les libéraux ont toujours appuyé ce projet de loi, tout comme le Bloc québécois. Mais du côté du NPD, on craint que les libéraux ne changent leur fusil d'épaule demain en appuyant la motion des conservateurs.

Lundi, le critique libéral en matière d'environnement, David McGuinty, a indiqué que son parti appuiera la motion visant à prolonger les audiences du comité. Il a fait valoir que les membres du comité pourront profiter de ce nouveau délai de 30 jours pour entendre des experts des États-Unis, de la Chine et de l'Europe.

«Nous avons encore besoin de temps. On veut entendre les experts des États-Unis, de l'Union européenne. C'est facile de prendre une fléchette, comme le fait le NPD, et de la lancer au mur. Mais il faut être sérieux et étudier ce qui se fait à l'échelle internationale», a dit M.McGuinty.

En conférence de presse, plus tôt en journée, Jack Layton a affirmé que le Canada doit se donner un plan d'action crédible s'il veut être pris au sérieux à Copenhague. D'autant plus que les Communes avaient déjà adopté le projet de loi du NPD l'an dernier, mais que son adoption finale par le Sénat avait été torpillée par le déclenchement d'élections fédérales anticipées. «Les changements climatiques forment la crise la plus sérieuse pour notre planète. Les gaz à effet de serre continuent de s'accumuler à un rythme affolant. Si on ne fait rien, nos petits-enfants et nos arrière-petits-enfants ne reconnaîtront pas notre planète. Partout sur la planète, un consensus émerge sur l'urgence d'agir. Des scientifiques, des leaders politiques, mais également, et surtout, des citoyens ordinaires. Mais le Canada traîne de la patte», a dit M.Layton.

Selon des sources néo-démocrates, la donne politique changera du tout au tout si l'adoption du projet de loi, qui propose des réductions de 80% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050 en ayant 1990 comme année de référence, est retardée indûment par le gouvernement Harper avec la complicité des libéraux. «Nous allons examiner nos options. Nous avons toujours dit que nous ne donnerons pas de chèque en blanc au gouvernement conservateur», a confié un stratège du NPD.

Le NPD doit obtenir une journée de l'opposition au début du mois de novembre et on n'écarte pas la possibilité de déposer une motion de censure contre le gouvernement Harper sur la question de la protection de l'environnement. Les libéraux, qui sont en chute libre dans les sondages, seraient alors coincés, eux qui ont déjà déposé une motion de censure en septembre. Cette motion, qui a été appuyée par le Bloc québécois, a été battue parce que le NPD s'est abstenu de voter.

Pour défaire le gouvernement minoritaire conservateur, les trois partis de l'opposition doivent unir leurs efforts.