Le NPD n'a pu convaincre les autres partis, mardi, d'accélérer l'adoption du projet de loi C-50 visant à accorder jusqu'à 20 semaines de plus de prestations d'assurance emploi pour les travailleurs de longue date ayant perdu leur travail.

Durant une rencontre à huis clos des membres du comité permanent des ressources humaines, le député néo-démocrate Yvon Godin a proposé aux libéraux, bloquistes et conservateurs d'augmenter la cadence afin de faire en sorte que le comité termine l'étude du projet de loi d'ici demain, selon des informations obtenues hier par La Presse.

 

Mais la proposition de M. Godin n'a reçu l'appui d'aucun autre député. Résultat: le comité entendra une panoplie de témoins au cours des prochaines semaines, repoussant au moins jusqu'à novembre l'adoption du projet de loi par la Chambre des communes. Le Sénat doit ensuite l'étudier avant qu'il ne soit sanctionné par la gouverneure générale.

Ce revers du NPD a des conséquences politiques. C'est que le NPD a promis de soutenir le gouvernement minoritaire de Stephen Harper aux Communes aussi longtemps que le projet de loi n'aura pas obtenu la sanction royale. L'adoption plus rapide du projet de loi aurait pu lui permettre de se dédouaner de cet engagement de ne pas provoquer d'élections hâtives.

La décision des libéraux de ne pas appuyer la motion de M. Godin est d'autant plus surprenante que le chef libéral Michael Ignatieff avait promis de mettre le pied sur l'accélérateur il y a deux semaines. Les libéraux affirment depuis six semaines vouloir mettre fin au règne des conservateurs aux Communes et provoquer des élections générales même si leurs appuis dans les sondages sont en forte baisse depuis quelques semaines. Mais pour y arriver, les libéraux ont besoin de l'appui du Bloc québécois et du NPD.

La semaine dernière, les libéraux ont déposé une motion de censure contre le gouvernement Harper, mais seuls les députés du Bloc québécois l'ont appuyée. Les députés néo-démocrates se sont abstenus au moment du vote, permettant ainsi aux troupes de Stephen Harper de résister aisément à l'assaut des libéraux.

Hier, le chef du NPD, Jack Layton, s'est dit déçu que les autres partis aient refusé d'appuyer la démarche de M. Godin. «C'est dommage, mais on ne va pas lâcher. On va essayer de faire adopter ce projet de loi le plus rapidement possible pour s'assurer que la somme supplémentaire d'un milliard de dollars soit disponible aux dizaines de milliers de familles partout au Canada qui en ont besoin», a-t-il dit.

Pour sa part, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a affirmé que son parti s'oppose à l'adoption rapide de ce projet de loi parce que le gouvernement Harper est incapable de dire combien de chômeurs pourront profiter de ces mesures d'aide et dans quelles régions. M. Duceppe a aussi indiqué qu'il veut que les grands syndicats du Québec comme la FTQ et la CSN puissent se faire entendre par le comité des ressources humaines.

«Tant qu'on n'aura pas de réponses à nos questions, on ne votera pas aveuglément pour des propositions qui nous sont faites», a dit le chef bloquiste, qui a affirmé que les changements proposés par les conservateurs sont taillés sur mesure pour aider les travailleurs de l'automobile de l'Ontario et ignorent les besoins des travailleurs forestiers du Québec.

La ministre des Ressources humaines, Diane Finley, devrait témoigner devant le comité aujourd'hui.