Le gouvernement conservateur de Stephen Harper a survécu à un deuxième vote de blâme en deux semaines, jeudi, grâce à l'appui des néo-démocrates, qui se disent convaincus que ce geste permettra d'aider les chômeurs.

Comme prévu, le Bloc québécois a appuyé les libéraux de Michael Ignatieff et voté en faveur d'une motion visant à retirer la confiance de la Chambre envers le gouvernement. Les députés du NPD de Jack Layton sont finalement restés assis, et leur abstention a permis aux conservateurs de remporter le vote controversé.«Notre abstention reflète le désir de supporter les chômeurs plutôt que de supporter le désir des libéraux d'avoir des élections», a dit le député du NPD, Yvon Godin, tout de suite après le vote.

Les néo-démocrates avaient annoncé depuis deux semaines qu'ils ne feraient «rien pour provoquer des élections», tant que les modifications au régime d'assurance emploi ne seront pas adoptées. Le gouvernement conservateur a promis, à la mi-septembre, d'injecter 900 millions de dollars pour augmenter les prestations d'assurance emploi pour les travailleurs de longue durée qui ont perdu leur emploi. Le projet de loi a été déposé, mais n'est pas encore adopté par le Parlement.

Il y a deux semaines, bloquistes et néo-démocrates avaient assuré la survie du gouvernement minoritaire en appuyant une motion de voies et moyens qui comprenait notamment le crédit d'impôt à la rénovation résidentielle.

Ignatieff cinglant

Lançant le débat sur la motion de défiance, le chef de l'opposition officielle, M. Ignatieff, a en matinée fait le procès du gouvernement de Stephen Harper, expliquant pourquoi, selon lui, la Chambre ne devait plus lui faire confiance pour diriger les affaires du pays.

Dans un discours passionné, qui visait à marquer une rupture avec la semaine difficile vécue dans le camp libéral, après la démission fracassante de Denis Coderre lundi, M. Ignatieff a été cinglant à l'égard du gouvernement.

«Ce n'est pas seulement l'idéologie conservatrice, ce n'est pas seulement leurs politiques, c'est la façon dont ils font de la politique, a critiqué le chef libéral. Pour eux, tous les adversaires sont des ennemis. On ne peut pas faire fonctionner le Canada comme ça. On ne peut pas diviser notre pays ainsi.»

M. Ignatieff a vivement critiqué les positions du gouvernement Harper sur les changements climatiques, sur la Chine, sur l'ONU, sur le Québec, sur les Canadiens qui se retrouvent pris à l'étranger.

Pour le chef libéral, les conservateurs «ont perdu le contrôle des finances publiques du pays», ils n'ont «pas de plan pour sortir du déficit» et compromettent, ainsi, la capacité du gouvernement canadien à venir en aide aux aînés et protéger leurs pensions, à assurer un système de santé adéquat et à aider les chômeurs.

«Nous méritons mieux. Nous méritons un gouvernement de compassion, de créativité, de collaboration, un gouvernement qui unit les Canadiens, qui ne les divise pas», a conclu le chef de l'opposition.