Après Martin Cauchon et Comlan Amazou, un autre militant libéral qui s'estime lésé par le processus de sélection de candidats au Parti libéral prend la parole publiquement.

Dans une lettre publiée aujourd'hui dans les pages Forum de La Presse, les libéraux Jonathan Pednault et John Lennard dénoncent le «duplessisme» qui, selon eux, règne au parti à l'heure actuelle.

M. Pednault, 19 ans, proche des frères Trudeau, souhaitait se présenter dans la circonscription de Longueuil-Pierre-Boucher aux prochaines élections. À l'invitation du président de l'association de circonscription, il a même vendu une centaine de cartes de membre et donné une réception pour lancer sa candidature.

C'était au début de 2009. Vers le milieu de l'année, il a dû freiner ses ardeurs. Joint par une organisatrice du parti, Reine Hébert, il a été encouragé à abandonner ses démarches. Vers le mois de mai, il estime avoir été mis devant le fait accompli: on avait choisi de nommer quelqu'un d'autre et on lui demandait poliment de céder le passage.

«Après nous avoir annoncé en grande pompe, au printemps 2009, que toutes les circonscriptions du Québec, y compris celles tenues par des députés libéraux, pourraient être soumises à une course à l'investiture pour déterminer le candidat du parti, certains se sont mis à jouer à la petite politique pour assurer leur avenir et leurs grandiloquentes ambitions», dénonce M. Pednault dans sa lettre.

Le PLC a une tout autre explication. Selon le coprésident de la campagne au Québec, l'avocat Marc-André Blanchard, personne n'a empêché le jeune militant de tenter sa chance, au contraire.

«M. Pednault n'a pas cru bon de soumettre une demande de candidature. Il y a eu un appel de candidatures dans cette circonscription, et un seul candidat s'est présenté à l'assemblée d'investiture. C'est comme cela que M. Diamond a été nommé candidat dans Longueuil», a déclaré cet ancien président du Parti libéral du Québec lors d'un entretien téléphonique.

Dans leur lettre, le candidat déçu et son coauteur critiquent néanmoins sévèrement Denis Coderre, sans toutefois le nommer.

«Depuis qu'un nouveau lieutenant a été nommé au Québec par vos soins, on n'a eu de cesse de bien vouloir nous faire comprendre l'importance de son rôle. Si bien d'ailleurs qu'avec tout le respect que nous cultivons à votre égard, nous nous demandons qui, de vous ou le lieutenant en question, dirige le parti au Québec», lancent-ils.

Coderre critiqué

Selon ce qu'a pu apprendre La Presse, même si le bureau du chef Michael Ignatieff n'a pas voulu réagir à cette lettre, pas plus qu'à une autre publiée sur Facebook par John Lennard, ces protestations ne tombent pas dans l'oreille d'un sourd et l'on s'active à tenter de trouver des solutions.

«M. Ignatieff n'est pas très heureux de la situation qui règne au Québec par les temps qui courent», a confié un stratège libéral influent.

Les méthodes d'organisation de M. Coderre sont critiquées de toutes parts depuis une semaine. L'ancien ministre Martin Cauchon l'a d'abord accusé de l'avoir empêché de se présenter dans Outremont. Dans la même circonscription, un autre militant, Comlan Amazou, s'est plaint de ne pas avoir pu tenter sa chance dans une assemblée d'investiture. Et plus tôt cette semaine, le PLC a dû nier que le lieutenant avait fait pression sur des députés actuels, dont l'ancien chef Stéphane Dion, pour qu'ils laissent la place à du sang neuf aux prochaines élections.

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Cauchon de retour?

Les pressions se feraient de plus en plus fortes pour que le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, renverse la décision bloquant le retour en politique de Martin Cauchon, qui aspirait à se porter candidat dans la circonscription d'Outremont. Selon des sources au sein du PLC, des discussions ont actuellement lieu entre des représentants de l'ancien ministre de la Justice et le bureau du chef libéral afin de trouver une solution favorable aux deux parties. M. Cauchon a représenté la circonscription d'Outremont pendant 11 ans, jusqu'en 2004. (La Presse Canadienne)