Après une semaine mouvementée sur la Colline parlementaire, des militants du Nouveau Parti démocratique (NPD) estiment que la formation politique se repositionne de manière stratégique tandis que des politologues affirment que les derniers épisodes ont été catastrophiques pour le parti sur le plan médiatique.

Au cours des dix derniers jours, les intenses tractations politiques à Ottawa ont failli, une nouvelle fois, se terminer par le déclenchement d'élections générales. Mais après s'être opposé au gouvernement conservateur pendant des mois, le chef du NPD, Jack Layton, a fait volte-face et l'a soutenu, ce qui a permis d'éviter un nouveau scrutin. Son geste, qui en a surpris plusieurs, lui a valu de nombreuses critiques, notamment celles des libéraux.

Les politologues l'ont également crucifié sur la place publique. L'assistant professeur en science politique à l'Université de McMaster, à Hamilton, affirme que la décision de M. Layton n'a pas été gagnante sur le plan politique. «Jusqu'à date, c'est une peu un désastre médiatique», a ajouté Peter Graefe.

Mais des militants du parti disent que le chef néo-démocrate n'aurait pas pu faire mieux cette semaine. Ils arguent notamment que le parti a saisi une chance de se repositionner à titre de groupe de politiciens pragmatiques qui peuvent améliorer beaucoup de leur composantes clés.

Les analystes croient qu'ils n'ont pas tort mais à la condition qu'ils arrivent à communiquer leur nouvelle approche d'une manière à ce que celle-ci ait un écho chez les électeurs et qu'ils arrivent à se distancier de leur mauvaise réputation au Parlement, véhiculée notamment par le chef du Parti libéral, Micheal Ignatieff.

Ce changement d'approche a commencé avec l'annonce récente des libéraux qu'ils ne voteraient plus avec les conservateurs et qu'ils renverseraient le gouvernement à la première occasion. Les conservateurs avaient besoin de l'appui du NPD pour rester au pouvoir.

Un appui qu'ils ont obtenu la semaine dernière lorsque le NPD a non seulement soutenu la mesure de bonifier le régime d'assurance-emploi d'un milliard de dollars mais également lorsqu'il a dit qu'il appuierait le parti de Stephen Harper jusqu'à l'adoption de la réforme de l'assurance-emploi.

Selon des spécialistes et des militants du parti, il y a plus à la nouvelle stratégie du NPD. Et les graines de cette approche ont été semées lors de du congrès annuel néo-démocrate tenu à Halifax à la mi-août.

Les militants du parti y ont notamment décidé de se concentrer sur la façon de s'y prendre pour gagner. Ils ont également parlé de mettre un terme aux jeux politiques et de voter pour les choses qu'ils voulaient vraiment. De plus, ils ont regardé de près comment le chef néo-démocrate, Darrell Dexter, est parvenu au poste de premier ministre de la Nouvelle-Ecosse.

Selon le directeur de programme du groupe de réflexion de l'Institut Rideau, Anthony Salloum, les événements de la semaine dernière sont un exemple de la façon dont Jack Layton tente de s'inspirer de Darrell Dexter. Ce dernier avait une approche pragmatique - plutôt que partisane - et était très patient lorsqu'il était dans l'opposition.

Selon le directeur national du NPD, Bard Lavigne, malgré les critiques essuyées par Jack Layton pour avoir changé d'idée, le parti croit que sa stratégie a fonctionné. Ainsi, selon M. Lavigne, les dons affluent, certains sondages démontrent que le parti obtient davantage d'appui et les réactions des dirigeants provinciaux du parti sont bonnes.

Toutefois, selon le politologue, Peter Graefe, les électeurs digèrent encore la conférence de presse tenue par M. Layton où il a annoncé brutalement, et sans répondre aux questions, son intention d'appuyer les conservateurs.

Ainsi, le chef néo-démocrate devra convaincre les électeurs qu'il n'est pas hypocrite et que cette nouvelle approche pragmatique est la meilleure pour les Canadiens. Sans cela, dit M. Graefe, cela pourrait se retourner contre lui.