Le chef du Bloc québécois se dit prêt pour des élections dès cet automne, s'il le faut. Il décidera de son appui ou pas au gouvernement Harper en fonction des intérêts des Québécois, «enjeu par enjeu».

«C'est lui (Stephen Harper) qui a le fardeau de la preuve et c'est (Michael) Ignatieff qui a le fardeau de la preuve», a déclaré le chef bloquiste, mercredi, alors qu'il était de passage à Bois-des-Filion, dans la couronne nord de Montréal. «S'ils vont dans le sens des intérêts du Québec, nous serons toujours debout pour le Québec.»

M. Duceppe a répété sa position traditionnelle, à savoir que le Bloc déciderait de sa position face à un projet de loi ou à une motion du Parlement «à sa valeur propre», en se fondant sur les intérêts des Québécois. Et si un projet va à l'encontre des intérêts des Québécois, a-t-il dit, il votera contre. Et si cela signifie le déclenchement d'une élection hâtive et bien il fera face à la musique.

Du même souffle cependant, le chef du Bloc québécois s'est dit prêt à appuyer des propositions du gouvernement conservateur qui iraient dans le sens des intérêts des Québécois. Il a cité en exemple les propositions déjà soumises par le Bloc, comme l'application de la Loi 101 dans les entreprises de compétence fédérale comme les ports et les télécommunications ainsi qu'une aide fédérale à l'industrie de la forêt. Si le gouvernement conservateur soumettait de telles propositions, il serait prêt à les appuyer.

«Quand ils nous proposent tous les deux de déménager la Commission des valeurs mobilières de Montréal à Toronto, contre la volonté unanime au Québec de l'Assemblée nationale, je dis non. Quand ils s'entendent tous les deux (Stephen Harper et Michael Ignatieff) pour mettre beaucoup d'argent dans le secteur automobile et qu'ils n'en mettent pas dans la forêt, je dis non. Quand tous les deux se mettent à la défense des sables bitumineux plutôt que de l'énergie propre, je dis non. Quand tous les deux disent que la Loi 101 ne doit pas s'appliquer dans les banques, les télécommunications, les ports, les aéroports, je dis non également. Mais si tous les deux reprenaient nos positions sur le Québec, je dis oui pour les intérêts du Québec. Donc posez-leur la question», s'est exclamé M. Duceppe.

Il n'a par ailleurs pas voulu critiquer ouvertement le chef libéral Michael Ignatieff, qui s'est montré soudainement prêt à renverser le gouvernement Harper mardi après avoir manifesté de l'ambivalence la veille. «Je ne travaille pas les états d'âme de M. Ignatieff; il en a plusieurs semble-t-il», a-t-il lancé, avec une pointe d'ironie.

Il appartiendra donc au chef du Nouveau Parti démocratique Jack Layton de trancher la question. Il devrait faire connaître sa position jeudi à Halifax.

Par ailleurs, M. Duceppe n'a pas voulu confirmer ou démentir l'information voulant que l'ancien ministre péquiste Daniel Paillé devienne candidat bloquiste. Il a indiqué qu'il donnerait une conférence de presse vendredi et que c'est à cette occasion qu'il précisera ce qu'il en est.

M. Duceppe a tenu sa conférence de presse de mercredi au terme d'une rencontre avec des victimes du présumé fraudeur Earl Jones. Le chef bloquiste était accompagné du porte-parole de son parti en matière de sécurité publique et de justice, Serge Ménard.