Stephen Harper a parlé de croissance de l'économie et des mérites de la viande de phoque durant sa tournée dans l'Arctique mardi, mais son message a été émoussé par une bévue au niveau des communications et une photo à briser le coeur.

Le premier ministre a entrepris sa deuxième journée d'une visite qui durera cinq jours en lançant officiellement une agence de développement régional annoncée depuis longtemps et qui sera responsable de la mise en oeuvre des initiatives fédérales dans la région.

M. Harper a indiqué que l'agence, baptisée CanNor, mettra fin à une situation où les décisions concernant l'économie du Nord étaient prises dans les bureaux du Sud.

L'agence pourra compter sur un budget de 50 millions de dollars au cours des cinq prochaines années. Elle aura son siège à Iqaluit et des bureaux de district à Whitehorse et à Yellowknife. Un bureau chargé des politiques et de la coordination sera situé à Ottawa.

Sur l'heure du midi, le premier ministre et les membres de son cabinet ont mangé de la viande de phoque crue et bouillie derrière des portes closes et loin des caméras, de façon à éviter un autre débat impliquant les défenseurs des droits des animaux, comme ce fut le cas à la suite de la récente visite dans le Nord de la gouverneure générale Michaëlle Jean.

Le premier ministre semblait néanmoins heureux de pouvoir apporter publiquement son support à un mode de vie crucial pour les populations nordiques.

«L'appui de notre gouvernement envers l'industrie du phoque est bien connu», a affirmé M. Harper.

«Les normes mises de l'avant dans cette industrie sont, honnêtement, supérieures à celles que l'on retrouve dans d'autres industries de produits animaliers. Il n'y aucune raison justifiant le fait que l'industrie du phoque fasse l'objet d'un traitement discriminatoire de la part des Européens ou de citoyens d'autres nations», a ajouté le premier ministre.

L'entourage de M. Harper a dit que c'était la première fois qu'il goûtait à cette viande et qu'il avait bien aimé.

Et le premier ministre du Nunavut a vu, dans ce repas de M. Harper, un énoncé politique de haute importance.

D'autre part, comme s'il fallait confirmer les problèmes auxquels sont confrontées ces populations, une photo de deux jeunes garçons dormant à l'extérieur d'une épicerie d'Iqaluit à la veille de la visite de M. Harper a eu des répercussions partout au pays. Elle a d'ailleurs été qualifiée «d'embarrassante» par un officiel local, bien au courant des ravages que font la drogue et l'alcool.

M. Harper a dit que cette photo illustrait «une histoire terrible et tragique», et qu'il fallait être naïf pour croire qu'il s'agissait d'un cas isolé, non seulement à Iqaluit mais également partout ailleurs au pays.

Ce ne fut pas le seul pépin de la journée.

Un communiqué de presse diffusé lundi pour dresser l'itinéraire de M. Harper faisait mention à répétition de la capitale du Nunavut, Iqaluit, mais plutôt en écrivant «Iqualuit». Ce «u» supplémentaire fait une énorme différence dans la langue inuktitut.

Ecrit de la bonne façon, «Iqaluit» signifie «beaucoup de poissons». Mais en y ajoutant la lettre «u», le mot prend une tout autre signification: il fait référence à quelqu'un «qui a le derrière mal essuyé», selon Sandra Inutiq, du bureau du Commissaire aux langues du Nunavut.

Des Inuits ont rappelé que les personnes parlant l'inuktitut sont parfois offensées ou même en colère lorsque des gens ne vivant pas dans le Nord écrivent incorrectement le nom de la capitale du Nunavut.

Mardi, le cabinet du premier ministre s'est excusé, affirmant que la bourde était attribuable à une erreur humaine.

M. Harper a aussi été critiqué par certains pour se contenter de remodeler de vieilles annonces déjà faites.

«Notre gouvernement a implanté le plus ambitieux programme nordique de l'histoire du Canada, a répliqué le premier ministre. Aussi, nous affirmons et défendons avec vigueur la souveraineté du Canada dans la région, et nous protégeons cet environnement unique et fragile pour des générations futures.»