Conservateurs et libéraux continuent à se chamailler au sujet de la réforme de l'assurance-emploi à laquelle ils ont pourtant promis de travailler en collaboration cet été, dans l'espoir d'éviter un scrutin automnal.

La ministre des Ressources humaines Diane Finley a fermé catégoriquement la porte mercredi à la proposition des libéraux d'abaisser à 360 heures le seuil d'admissibilité à l'assurance-emploi.

A l'issue du caucus de sa formation, Mme Finley, a qualifié cette idée, mise de l'avant par les trois partis d'opposition, de «fabulation intellectuelle».

«Le fait, c'est que les Canadiens ne peuvent pas supporter (financièrement) un point d'entrée à l'assurance emploi de neuf semaines», a-t-elle martelé, lors d'un bref point de presse.

La ministre a indiqué que les libéraux et leur chef Michael Ignatieff devraient mettre de l'eau dans leur vin et faire des suggestions «concrètes, détaillées et financièrement responsables» s'ils souhaitent véritablement éviter une élection cet automne.

Mme Finley a d'autre part souligné que son parti n'appuierait pas un projet susceptible d'entraîner une hausse des impôts «à un moment où les Canadiens peuvent le moins se le permettre».

Cette position est identique à celle que défendait le premier ministre Stephen Harper avant l'ajournement des travaux parlementaires, en juin.

Mme Finley a refusé de donner les progrès accomplis jusqu'à maintenant par le comité bipartite formé à la fin de la session parlementaire pour améliorer le régime d'assurance-emploi.

Elle s'est contentée de dire que le groupe prévoyait faire rapport sur ses travaux à l'automne, comme prévu dans son mandat.

«J'ai espoir que nous trouverons un terrain d'entente, mais les libéraux devront abandonner cette idée du 360 heures», a-t-elle répété.

S'il faut en croire le chef de l'opposition, Michael Ignatieff, les choses ne progressent cependant pas aussi rondement que prévu au sein du groupe de six personnes, dont sont membres Mme Finley, son collègue de Nepean-Carleton, Pierre Poilievre, le sous-ministre Malcolm Brown ainsi que les députés libéraux Marlene Jennings et Michael Savage et le directeur des politiques de M. Ignatieff, Kevin Chan.

Le comité s'est réuni pour la première fois la semaine dernière, six semaines après l'annonce de sa mise sur pied. Le jour même de la rencontre, Michael Ignatieff a affirmé que son parti était prêt à faire preuve d'un peu de flexibilité sur le nombre d'heures, mais «très peu».

En plus du seuil d'admissibilité, les deux partis ont convenu de discuter de l'élargissement du régime d'assurance-emploi aux travailleurs autonomes, et particulièrement aux nouvelles mamans qui ne sont pas salariées et n'ont donc pas droit à des prestations de maternité.

En entrevue mercredi au réseau de télévision CTV, le chef libéral a en effet déclaré qu'il n'était «pas déraisonnable» d'imaginer que son parti fasse tomber le gouvernement en septembre.

Selon lui, 150 000 Canadiens sans emplois n'ont accès à aucun soutien financier du gouvernement fédéral et la situation risque d'empirer d'ici la fin de l'année.

«Cela fait six semaines que nous discutons avec ces gens et ils n'ont pas fait une seule suggestion sur la manière d'aider les travailleurs autonomes. Nous n'avons pas eu de discussions sérieuses», a-t-il confié.