Dure semaine pour le premier ministre Stephen Harper. Après avoir été entraîné dans une controverse religieuse même s'il n'avait rien à se reprocher et après avoir été légèrement en retard pour la photo officielle au sommet du G8 en Italie, voilà que M. Harper a été contraint de s'excuser, vendredi, auprès du chef libéral Michael Ignatieff.

La raison? M. Harper a durement attaqué M. Ignatieff durant sa conférence de presse de clôture au sommet après lui avoir prêté des propos controversés sur la place du Canada au sein des institutions internationales, des propos que le chef libéral n'a jamais tenus.

M. Harper a dû faire son mea culpa devant une caméra quelques minutes après la fin de sa conférence de presse officielle à L'Aquila, où avait lieu le sommet.

«Durant cette conférence de presse, j'ai attaqué M. Ignatieff pour des propos qu'il aurait prétendument tenus au sujet du Canada et du G8. Ce n'était pas une citation de M. Ignatieff. Je regrette cette erreur et je m'excuse auprès de M. Ignatieff pour cette erreur», a affirmé M. Harper avec un air contrit.

Le principal intéressé, qui se trouvait à Londres, en Grande-Bretagne, vendredi, a accepté les excuses du premier ministre quelques heures plus tard. Il a dit toutefois regretter que M. Harper ait profité d'un sommet international pour se livrer à des attaques partisanes au lieu de s'en tenir à faire valoir les intérêts du Canada au G8.

«J'accepte les excuses du premier ministre. Il est malheureux que ces remarques aient été faites à la toute fin de la rencontre du G8 alors que les efforts du Canada auraient été mieux servis à discuter avec les autres leaders du monde des dossiers d'intérêts communs», a écrit M. Ignatieff dans un courriel.

Cette controverse a éclaté lorsque M. Harper a vilipendé le chef libéral en conférence de presse pour avoir prétendument affirmé que le Canada pourrait être exclu d'une éventuelle réforme des organisations internationales comme le G8. M. Harper avait auparavant été informé par un de ses proches collaborateurs, Dimitri Soudas, de la teneur de ces propos attribués faussement à M. Ignatieff.

«M. Ignatieff est censé être un Canadien. (...) Je ne pense pas que l'on doive faire valoir de telles idées qui sont évidemment contraires aux intérêts du pays. Personne ne préconise une telle chose, a dit le premier ministre. C'est une suggestion irresponsable. Il doit examiner ses propos attentivement et se rétracter. Franchement, ce sont des propos irresponsables. Mais ils le sont encore plus venant d'un parlementaire influent du Canada.»

Le premier ministre répondait alors à une question d'un journaliste sur la pertinence du G8 et la possibilité qu'il soit remplacé par une autre structure plus vaste.

Quinze minutes après cette sortie, Dimitri Soudas a rassemblé d'urgence les journalistes présents à la conférence de presse du premier ministre pour les informer que les propos en question avaient été faussement attribués à M. Ignatieff. Les propos, a-t-il expliqué, lui ont été envoyés par courriel durant la nuit de jeudi à vendredi. Ces propos auraient été tenus par un professeur qu'il n'a pas identifié.

Source non vérifiée

M. Soudas a indiqué avoir informé M. Harper de la teneur des propos sans toutefois en vérifier la véracité et la source. Il a dit être responsable de cette erreur. Il a présenté ses excuses aux journalistes, au premier ministre et à M. Ignatieff et a dit être prêt à subir les conséquences de cette bévue.

Les libéraux se sont rapidement portés à la défense de leur chef après cette bourde du premier ministre. Le critique libéral aux affaires étrangères, Bob Rae, s'est dit outré de voir que M. Harper se livre à de telles attaques à l'étranger.

«Non seulement on n'a jamais vu de telles attaques lors d'une réunion internationale, mais cela témoigne aussi d'un grave manque de jugement de la part du premier ministre. Cela montre, encore une fois, que l'actuel gouvernement est incapable d'un leadership compétent et crédible, que ce soit au pays ou à l'étranger», a-t-il affirmé.

«Il ne s'agit pas d'une simple erreur commise par l'un des collaborateurs de M. Harper. Cela témoigne de la personnalité du premier ministre, qui a choisi de salir ses adversaires, comme il l'a toujours fait, mais cette fois-ci devant le monde entier», a-t-il ajouté.

M. Rae a aussi accusé M. Harper d'être incapable de s'élever au-dessus de la mêlée partisane.

Plus tôt cette semaine, M. Harper s'est fait accuser par le chancelier du diocèse de Saint-Jean, Mgr Brian Henneberry, de ne pas avoir avalé l'hostie qui lui a été remise lors des funérailles d'État de l'ancien gouverneur général du Canada, Roméo LeBlanc, la semaine dernière. Vendredi, le premier ministre a affirmé avoir bel et bien avalé l'hostie et qualifié toute l'affaire «d'absurde».

- Avec la collaboration de Marc Thibodeau