Le départ de deux députés du Bloc québécois en deux mois ne semble pas inquiéter outre mesure le caucus du parti, qui choisit de prendre la chose avec philosophie.

La décision du député Réal Ménard de se joindre à l'équipe de Louise Harel pour les élections municipales montréalaises suit le récent départ de Paul Crête, qui a tenté sa chance pour le Parti québécois aux élections complémentaires de Rivière-du-Loup, plus tôt cette semaine, et qui a dû essuyer une défaite.

Les deux politiciens siégeaient à la Chambre des communes depuis la toute première élection générale du Bloc québécois, en 1993, et occupaient des fonctions importantes, le premier étant porte-parole en matière de justice, le second, en matière d'affaires étrangères.

Dans un très bref communiqué de presse diffusé jeudi, le chef Gilles Duceppe a dit «respecter» la décision de M. Ménard et a salué son «travail exceptionnel», tant pour l'avancement de dossiers touchant la région de Montréal que pour celle des personnes homosexuelles.

Les députés bloquistes sont demeurés aussi peu bavards que leur leader, les demandes d'entrevue des journalistes se bloquant au service des communications de l'aile parlementaire du parti, qui les a systématiquement refusées.

Seul le président du caucus, Louis Plamondon, a accepté de commenter la nouvelle auprès de La Presse Canadienne. A son avis, ces départs sont naturels, tout particulièrement pour le Bloc, un parti que les gens décident de rallier selon lui pour aller «en mission», souvent pour «donner un coup de main», et non pour une «carrière politique».

«Les seuls députés au monde qui souhaitent perdre leur job, ce sont nous. Mais pas par une élection, par un référendum (sur la souveraineté)», a lancé M. Plamondon.

Il comprend le choix de son ex-collègue, qui, a-t-il noté, « disait souvent qu'il avait envie d'administrer des choses», même s'il n'est pas sûr qu'il trouvera son nouveau travail aussi trépidant que celui qu'il exerçait à Ottawa.

«C'est un type qui aime la vie parlementaire et je ne suis pas certain qu'il va trouver autant d'intensité dans la vie parlementaire municipale», a-t-il souligné.

Par la force des choses, il reste de moins en moins de vétérans issus de l'élection de 1993. Hormis le chef Gilles Duceppe, qui s'était fait élire lors d'une élection complémentaire en 1990, seulement sept députés issus de la première élection générale à laquelle a participé le Bloc tiennent encore le fort.

Joint au téléphone à sa résidence à Rivière-du-Loup, l'ex-bloquiste Paul Crête a dit trouver bonne la décision de Réal Ménard et juger normal le besoin de changement en politique.

Il ne s'inquiète pas trop pour l'avenir du Bloc, qui jouit d'une bonne relève, à son avis.

«C'est une équipe qui se renouvelle et ça fait partie de la santé d'un parti politique», a-t-il soutenu.

Il a bien spécifié cependant ne pas avoir l'intention de revenir sur sa décision de quitter le parti de Gilles Duceppe, affirmant avoir «fait le tour».

Par ailleurs, M. Ménard ne part pas seul. L'attaché de presse de l'aile parlementaire, Nicolas Brisson, pourtant arrivé à Ottawa il y a à peine quelques mois, a décidé lui aussi de faire le saut en politique municipale et d'oeuvrer au sein de l'équipe de Louise Harel.