Le Parti libéral souhaite limiter les dons ou les cadeaux que les ministres ou autres titulaires de charges publiques reçoivent de leurs «amis».

Un projet de loi qui sera présenté au Sénat aujourd'hui tente de restreindre la possibilité d'accepter de tels cadeaux aux seuls «amis intimes» et membres de la famille. De plus les ministres, leurs employés ou des hauts fonctionnaires seraient tenus de déclarer tous ces cadeaux ou ces dons dès que leur valeur dépasse 200$, sauf s'ils ont été donnés par un membre de la famille.À l'heure actuelle, la Loi sur les conflits d'intérêts adoptée par le gouvernement Harper en 2006 prévoit qu'il est «interdit à tout titulaire de charge publique [...] d'accepter un cadeau ou tout autre avantage [...] qui pourrait raisonnablement donner à penser qu'il a été donné pour influencer le titulaire dans l'exercice de ses fonctions officielles».

Cette règle a toutefois une exception: le titulaire de charge publique peut accepter un cadeau ou autre avantage qui provient d'un parent ou d'un ami.

Or, selon le Parti libéral, cette notion d'«ami» ouvre la porte trop grande aux accrocs à l'éthique gouvernementale. «Les politiciens ont beaucoup d'amis, surtout lorsqu'ils sont au pouvoir», a noté le sénateur libéral James Cowan, leader de l'opposition au Sénat et qui a déposé le projet de loi.

«Nous ne pensons pas [...] que le fait d'interdire aux ministres d'accepter des cadeaux secrets de centaines de milliers de dollars en argent comptant de la part de soi-disant amis constituerait une intrusion inacceptable dans leur vie privée», a-t-il déclaré.

Mais comment, alors, trancher la difficile question de savoir qui est un «ami», et qui est un «ami intime» ? «Je ne pense que l'on tente de définir un terme comme celui-ci, a répondu le sénateur lors d'un entretien téléphonique avec La Presse

«C'est une question de degré, a-t-il poursuivi. La plupart d'entre nous seraient capables de lister sur les doigts de deux mains nos amis intimes, et puis il y a un cercle plus élargi de gens qui sont des amis.»

«Si vous jouez une fois de temps en temps avec quelqu'un au golf, que vous êtes un titulaire de charge publique et que soudainement, cette personne vous appelle et dit: «Je suis dans mon jet privé et je m'en vais aux Bahamas... Venez donc!» Il serait raisonnable de se demander: pourquoi une personne qui n'est pas un ami intime ferait cela? Et il peut y avoir un doute sur ses motifs réels.»

Le sénateur souligne que les libéraux ont tenté de faire ces changements à la loi sur l'éthique adoptée par le gouvernement Harper en 2006, mais qu'il avait refusé pour des raisons de vie privée. Il affirme que c'est la commission Oliphant qui a, cette fois-ci, convaincu le parti de revenir à la charge.

La commission chargée de faire la lumière sur les relations d'affaires entre l'ancien premier ministre Brian Mulroney et l'homme d'affaires Karlheinz Schreiber en était à sa dernière journée d'audiences, hier. Elle se penche depuis quelques jours sur les réformes qui devraient être apportées à l'éthique des titulaires de charges publiques. Le commissaire Jeffrey Oliphant doit maintenant se mettre à la rédaction de son rapport, qui est attendu avant le 31 décembre.