Ce n'est pas avant 2028 que seront atteints les objectifs modestes d'expansion de l'armée canadienne fixés l'année dernière par le gouvernement conservateur, selon des documents du budget fédéral.

Et même cette échéance est optimiste, étant donné la difficulté qu'ont l'armée ainsi que les forces navales et aériennes à retenir les militaires dans les rangs, indique-t-on dans le rapport de la Défense nationale sur les priorités 2009-2010 publié récemment.

Les stratégies de recrutement et de rétention du personnel n'ont pas suffisamment évolué pour l'instant pour garantir le respect de ces objectifs, a-t-on soutenu.

Le fait que cela devrait prendre 19 ans pour ajouter aux forces environ 5000 militaires à temps plein - la force régulière - et 3000 réservistes sème l'inquiétude chez certains observateurs politiques et militaires.

L'objectif de mettre en place une force permanente de 70 000 militaires à temps plein et de 30 000 à temps partiel a été établi l'année dernière dans le cadre de la stratégie fortement publicisée de Défense nationale du gouvernement fédéral, qui prévoyait également des hausses régulières du budget militaire.

Mais les conservateurs n'avaient pas précisé d'échéancier.

Le plus récent budget en disait un peu plus long sur la question, soutenant qu'étant donné l'incertitude économique, les objectifs de croissance seraient «prudents».

Jay Paxton, un porte-parole du ministre de la Défense Peter MacKay, a défendu ces objectifs. Il a soutenu que le gouvernement était «en bonne voie pour atteindre sa cible».

M. Paxton n'a pas voulu expliquer pourquoi le gouvernement avait forgé son plan sur près de 20 ans, quel effet cela pourrait avoir sur les Forces armées, et si cette décision avait été motivée par des considérations budgétaires.

Les conservateurs - élus en 2006 en promettant d'élargir les rangs à 75 000 membres de la force régulière et à 35 000 réservistes - ont été forcés de revoir ces chiffres à la baisse dans leur plus récent budget.

Le sénateur libéral Colin Kenny, président du comité de la sécurité nationale et de la défense de la Chambre haute, a soutenu que la nouvelle échéance faisait une moquerie de la promesse des conservateurs de regarnir les Forces armées.

«C'est tout à fait ahurissant, a dit M. Kenny, en parcourant le document. Ils ne nous ont pas donné le ratio par année, mais il se chiffre à environ 280 personnes.»

Le sénateur libéral a affirmé que les conservateurs n'étaient pas prêts à investir les sommes nécessaires pour donner du répit aux soldats, faisant valoir que les missions à répétition avaient contribué au problème important de rétention du personnel.