C'est son congédiement de son poste d'ambassadeur au Danemark et l'adresse à la nation que Paul Martin a livrée en avril 2005 qui ont coulé la réputation d'Alfonso Gagliano.

C'est ce que l'ex-ministre des Travaux publics et ambassadeur déchu a fait valoir, hier, alors qu'il témoignait dans le cadre du procès civil qu'il a intenté au Procureur général du Canada. Estimant que son congédiement était abusif, M. Gagliano réclame un total de 8,5 millions pour dommages à sa réputation, dommages exemplaires et perte de revenus.

 

Ce procès a commencé hier, devant le juge Kevin Downs, au palais de justice de Montréal.

L'avocat du Procureur général du Canada, Me Jacques Jeansonne, avait en main le livre Les corridors du pouvoir, que M. Gagliano a écrit après avoir quitté la vie publique. Il s'en est abondamment servi pour contre-interroger M. Gagliano.

Il avait aussi une épaisse revue de presse, démontrant que M. Gagliano avait fait l'objet d'articles qui ont pu nuire à sa réputation. «Les journalistes, il faut qu'ils fassent leur travail, il faut qu'ils rendent les nouvelles intéressantes», a répondu M. Gagliano.

Ce dernier a aussi été interrogé sur le scandale des commandites et la commission Gomery. «Le blâme que le commissaire Gomery vous a adressé a porté atteinte à votre réputation?», a demandé Me Jeansonne. «Tout a commencé avec mon congédiement comme ambassadeur», a persisté M. Gagliano. Me Jeansonne a voulu faire admettre à M. Gagliano que sa nomination comme ambassadeur avait elle aussi été faite «sous un nuage de controverse». Ce à quoi M. Gagliano a répondu: «Oui et non.»

La télé italienne seulement

L'ex-ministre des Travaux publics affirme ne plus écouter les nouvelles, ni lire les journaux. Il est abonné à un poste de télévision italien et c'est ce qu'il écoute, dit-il. En ce qui concerne les liens qu'on lui a prêtés avec des membres de la mafia italienne dans le passé, il dit que la GRC a enquêté à ce sujet en 1993. Cela avait retardé son accession au Conseil des ministres, mais il avait finalement pu y entrer. Cela démontre qu'il n'a rien à se reprocher.

Le procès se poursuit aujourd'hui avec les plaidoiries des avocats. Mais avant, Me Pierre Fournier pourrait avoir quelques questions et interroge de nouveau son client, M. Gagliano.

Rappelons que M. Gagliano avait été nommé ambassadeur au Danemark en janvier 2002. Deux ans plus tard, il était démis de ses fonctions, en pleine tempête du scandale des commandites. En avril 2005, Paul Martin, à la tête d'un gouvernement minoritaire, a tenté de sauver les meubles en s'adressant à la nation. Au cours de cette allocution, en parlant de sa gestion de la crise des commandites, il s'est félicité d'avoir congédié Alfonso Gagliano.