Les uniformes des athlètes canadiens aux Jeux olympiques de Vancouver pourraient être ornés de fourrure de phoque en signe de protestation contre l'embargo voté mardi par le Parlement européen.

Une motion présentée mercredi par le Bloc québécois à la Chambre des communes propose que le gouvernement étudie la possibilité d'intégrer des produits dérivés du loup marin aux vêtements olympiques canadiens.

Adoptée à l'unanimité, la motion insiste sur le fait que le gouvernement «devrait profiter de la tribune qui lui sera offerte par les Jeux Olympiques Vancouver 2010 pour faire la promotion des produits dérivés du loup marin».

L'idée, présentée en Chambre par le député bloquiste de Gaspésie-Iles-de-la-Madeleine, Raynald Blais, a été accueillie favorablement par la ministre des Pêches et des Océans, Gail Shea, qui s'est déclarée ouverte à considérer l'option.

«Je reconnais qu'il s'agit d'un sujet important, particulièrement parce qu'il y a de nombreux chasseurs de phoques aux Iles-de-la-Madeleine. J'accueille toutes les suggestions que pourrait avoir mon collègue pour aider l'industrie canadienne du phoque», a-t-elle indiqué lors de la période de questions.

Chris Rudge, le directeur général du Comité olympique canadien (COC), est beaucoup moins enthousiaste.

«L'uniforme a déjà été conçu, approuvé par le Comité international olympique et sa production est bien entammée», a-t-il indiqué en entrevue téléphonique.

Pire, un tel ajout irait selon lui à l'encontre de l'esprit olympique.

«Ce serait inapproprié de notre part et je pense que ce serait inapproprié de se servir des athlètes comme un porte-étandard pour d'autres éléments dans notre société. Ce sont des problèmes sociaux et économiques auxquels il revient à notre gouvernement de faire face», a-t-il conclu.

Mardi, les parlementaires de l'Union européenne ont voté par une imposante majorité en faveur d'une interdiction de l'importation et de la commercialisation des produits du phoque sur le territoire des 27 pays membres.

Le Canada, qui constitue le principal exportateur de phoques à travers le monde, a déploré cette décision et indiqué qu'il amènerait l'affaire devant l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) si l'Europe ne permettait pas une «exemption» pour les produits canadiens.

Les costumes des athlètes canadiens sont confectionnés par la Compagnie de la Baie d'Hudson, une compagnie qui, justement, a été fondée au 17e siècle pour... la traite des fourrures. Mais les uniformes des athlètes sont peut-être déjà complétés, a noté la ministre Shea, qui ne baisse pas les bras pour autant.

«J'imagine que les vêtements olympiques sont déjà tous conçus et probablement faits, mais je pense que c'est une bonne suggestion symbolique d'ajouter quelque chose aux uniformes de nos athlètes», a indiqué la ministre à sa sortie de la Chambre.

«Je crois que ce serait une bonne affirmation pour l'industrie canadienne du phoque», a-t-elle conclu.

Joint au téléphone, le président de l'Association des chasseurs de phoques des Iles-de-la-Madeleine, Denis Longuépée, a dit lui aussi aimer l'idée.

«Il ne faut pas avoir honte des ressources naturelles que l'on a au Canada. Les Jeux olympiques sont une belle occasion de montrer aux autre nations que nous avons une fierté envers ça», a fait valoir M. Longuépée.

Selon lui, il y aurait moyen d'écouler la totalité des 300 000 phoques chassés annuellement au Canada uniquement sur le marché intérieur si seulement on se donnait la peine d'en faire la promotion au pays.

Il croit que le gouvernement fédéral n'en a pas fait assez pour défendre les droits de ses chasseurs. Le chef bloquiste Gilles Duceppe partage d'ailleurs son avis.

«Le Canada n'a pas mené de campagne importante au niveau de la promotion. (...) Ca aurait dû être fait», a-t-il insisté.

«On a donné un exemple. Les Jeux olympiques ne sont pas une chose banale. On peut se servir de cet événement pour le mettre en lumière, mais il faudrait se servir d'autres événements également», a proposé le chef bloquiste.